Algérie

L'aide russe à la Grèce



Tension. L'Europe vit avec la Grèce une situation qui, en beaucoup de points, rappelle celle qui a mené l'Ukraine à la crise. Hier, la Grèce a signé avec la Russie un accord pour la construction d'un gazoduc russe en Grèce. L'accord prévoit la création d'une entreprise russo-grecque détenue à parts égales. Une banque russe accordera le prêt nécessaire à la partie grecque. A Bruxelles, ce rapprochement entre le président grec Tsipras et le président russe Poutine est mal vécu. D'autant qu'aucune solution à la dette grecque n'a pu être avancée par l'Union européenne. Une dette qui «étouffe» la Grèce mais qui résiste face aux conditions des créanciers. Athènes refuse de réduire les pensions de ses retraités comme elle rejette toute hausse de sa TVA. Les Grecs n'en peuvent plus de vivre dans l'austérité. Comme aucune solution ne pointe à l'horizon, un vent de panique s'est emparé des épargnants qui retirent leur argent des banques. C'est le «bank Run» (la course aux guichets). Un milliard d'euros ont été retirés dans la seule journée de Jeudi dernier. Les banques grecques sont menacées, si le rythme se maintient, de manquer de liquidités dès lundi prochain. En fait, la crise que vit la Grèce depuis des années a maintenant atteint son point culminant. Le FMI veut son argent (1,5 milliard d'euros) à la fin de ce mois. Sans autre délai. Christine Lagarde a été ferme à ce sujet. Le 30 juin c'est le 30 juin avertit-elle. C'est l'impasse. Et si personne ne cède d'ici lundi prochain, jour du sommet des pays de la zone euro, c'est le «Grexit» (sortie de la Grèce de la zone euro) assuré. C'est en tout cas l'arme préférée de Tsipras, le président grec. Hier il a souligné à un quotidien autrichien qu'une sortie de la Grèce de l'euro signifierait le commencement de la fin de la zone euro. Le ton monte sur la scène politique européenne. Réunis jeudi dernier à Luxembourg, les ministres des Finances de la zone euro ne sont pas parvenus à une solution. C'est dans cette atmosphère empoisonnée par une austérité que les Grecs vivent depuis 5 années, que le rapprochement avec la Russie prend une dimension particulière. Deux visites à Moscou, en quelques semaines, du président grec font dire à beaucoup qu'Athènes «joue le double jeu». Tout indique que la sortie de la Grèce de la zone euro est inévitable. L'UE est inflexible, le président grec est tenu par des promesses faites aux électeurs. Les réformes du marché financier et de l'Union européenne, les Grecs n'en veulent plus. Revenir à leur monnaie nationale (le drachme) donnerait aux Grecs certains avantages. Une monnaie dépréciée par rapport à l'euro. Ce qui est bon pour les exportations. Surtout pour le tourisme qui tient une bonne part dans les recettes du pays. Reste l'emprunt où, effectivement se poserait le problème sinon du refus des marchés financiers du moins un relèvement marqué du taux d'intérêt. C'est pourquoi il devient difficile aux observateurs d'avoir une visibilité sur ce qui va être tranché lundi prochain. Tsipras, dans un communiqué, souligne que «tous ceux qui tablent sur une crise ou sur le scénario de la peur seront démentis». C'est le chaud et le froid que souffle le président grec. Hier c'était sa 2ème visite à Moscou. Durant la première il avait réussi à obtenir, pour son pays, l'allègement de l'embargo russe sur les exportations européennes. Qu'il ne veuille pas dévoiler le contenu des relations gréco-russes, cela tombe sous le sens. Mais les faits sont là. Le vice-Premier ministre russe, Dvorkovitch, a précisé à l'agence Tass que «pour nous, les choses les plus importantes sont les projets d'investissements et les échanges commerciaux avec la Grèce». Et il a ajouté, mine de rien, «si un soutien financier est requis (par la Grèce), nous examinerons la question». C'est clair!




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