Algérie

L'Aïd, ses surprises et ses pénuries



Ceux qui ont misé sur une chute du prix du mouton du sacrifice à la veille de l'Aïd El-Adha ont eu finalement raison. En effet, les chefs de famille qui ont temporisé pour acheter le mouton du sacrifice, pour différentes raisons, ont été unanimes à affirmer que le cours du marché des ovins a connu une tendance à la baisse deux jours avant la fête, et notamment mardi où les prix ont baissé de près de 40%. Une virée effectuée, mardi en fin d'après-midi, au niveau des abattoirs et dans d'autres points de vente, notamment à Aïn El-Beïda ou l'USTO, confirme cet état de fait. Ainsi, le prix d'une bête vendue quelques jours auparavant à 18.000 DA pouvait être acquise jusqu'à 10.000 DA. Selon les connaisseurs du marché des ovins, les plus grands perdants dans cette opération sont les revendeurs et non les gros éleveurs qui disposent de leurs propres moyens de transport leur permettant de réacheminer leur troupeau vers leur wilaya d'origine. En revanche, les faux maquignons et les revendeurs, faute d'étables et ayant acquis leur marchandise à crédit, devront vendre pour rembourser leurs créances et faire abstraction de la marge bénéficiaire. Par ailleurs, et comme à l'accoutumée et lors des fêtes religieuses, le pain a cruellement manqué à Oran. Ce sont en effet, plus de 50 % des boulangeries qui ont failli à leur mission de service public. Les seules à avoir fonctionné à demi-régime sont celles dont le personnel est soit résident à Oran ou dont les patrons sont du métier et qui, pour la circonstance, ont fait appel à tous les membres de la famille. C'est ce que nous a expliqué Farid, un boulanger, en soulignant que « les 10 quintaux qu'ils ont l'habitude de produire ont été écoulés sur place, c'est-à-dire au comptoir, et ce, en raison, d'une part, de l'augmentation sensible de la demande des clients habituels et, de l'autre, de la fermeture des autres boulangers ». Ce sont les dépôts de pain, du moins ceux qui ont ouvert leur magasin avant la prière de l'Aïd, qui n'ont pas été suffisamment approvisionnés. Vers huit heures, chanceuses ont été les personnes qui ont pu se procurer quelques baguettes de pain. Cette rareté a obligé certains épiciers à rationaliser la demande pour satisfaire la clientèle. Certains iront même jusqu'à se rendre au marché de la rue des Aurès, réputé pour ses nombreux revendeurs de pain sur la voie publique. La tension sur le pain s'est fait sentir la veille de l'Aïd, du fait que plusieurs gérants de boulangeries ont été contraints de libérer leur personnel pour rejoindre leur famille et également par l'accroissement de la demande. En effet, certains citoyens ont anticipé et ont fait le plein, quitte à mettre le pain au congélateur et le réchauffer avant le déjeuner de l'Aïd. Selon notre interlocuteur, la quantité de pain produite mardi a été écoulée rapidement, au point où, durant l'après-midi, ils ont dû produire deux autres fournées. Si les prix de vente n'ont connu aucune hausse pour le pain normal, ceux du pain traditionnel, en revanche, ont grimpé notamment lors de la soirée de mardi. De fait, un pain qui se vendait en temps normal à 25 DA a été cédé jusqu'à 45. De par sa rareté, même le pain rassis a été facilement écoulé. Une vieille dame rencontrée nous dira, qu'avant, « le problème ne se posait pas étant donné qu'on se permettait de préparer notre pain à la maison, mais depuis que les prix de la farine et de la semoule ont augmenté, cette option s'est avérée moins économique et puis même le four banal a littéralement disparu ». D'autre part, le lait en sachet a fait cruellement défaut durant les deux jours de l'Aïd, ainsi que dans la journée d'hier. Les ménages ont dû se rabattre finalement, pour ceux qui le peuvent en tous les cas, sur le lait d'importation, à 70 DA, voire à 80 DA le packet. Pour de nombreux citoyens qui relèvent chaque année ces pénuries, la solution finale ne peut nullement venir d'un simple appel de l'UGCAA invitant les commerçants à assumer convenablement leur mission de service public, mais de revenir à une production industrielle qui pourra alimenter les grandes surfaces, qui jusqu'à maintenant se suffisent uniquement à quelques produits alimentaires. Côté ambiance, l'Aïd El-Adha possède des particularités allant de la recherche de l'égorgeur à la présentation des voeux. Ainsi, pour ceux qui ont des coeurs sensibles ou ceux qui en sont incapables, l'acte d'égorger est un casse-tête pour certains chefs de famille. Juste après la prière de l'Aïd, des hommes, munis de leur matériel, sillonnaient les quartiers et proposaient leurs services. Pour cette année, inflation oblige, les honoraires ont été revus à la hausse. Mais, il est à noter que les tarifs changent d'un quartier dit chic, où les demandeurs ne marchandent pas et où les égorgeurs iront jusqu'à 1.500 DA et au meilleur des cas 1.000 DA. En revanche, dans les quartiers populaires, où la demande est moindre et où l'entraide est une tradition, le prix de l'acte varie entre 500 et 800 DA pour une carcasse prête à la consommation. Au second jour, ce sont les bouchers qui se sont frottés les mains en taxant la découpe de la carcasse à 500 DA, voire 800 DA dans certains quartiers. Par contre, certains chefs de famille préfèrent le faire eux-mêmes, pour, disent-ils, une meilleure ambiance familiale. Tout compte fait, l'Aïd est passé et a sûrement laissé des traces, notamment concernant la trésorerie familiale. Dorénavant, il faudrait serrer la ceinture et éviter toute fausse dépense, tant que cela est possible.


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