Algérie

L'Aïd, madame et ses moustaches



Le Ramadhan a bouclé, presque rapidement, sa première quinzaine et, depuis, le compte à  rebours a commencé. Après avoir lourdement ripaillé pendant cette première période, Khouya Zazaïri a enclenché une singulière course contre la montre. C'est qu'il veut mettre tous les atouts de son côté pour s'attaquer sérieusement à  la deuxième partie, synonyme de fête et de convivialité. Il flotte désormais dans l'air, un parfum de kermesse. Les commerçants sortent le grand jeu : les épiceries étalent sur les trottoirs les ingrédients nécessaires aux gâteaux de l'Aïd, les marchands de vêtements ont sorti leurs lots turc ou syrien et les vendeurs de jouets font déjà saliver les enfants. Tous ceux qui peuvent vendre quelque chose en ce mois béni se frottent les mains car ils vont continuer à  déplumer leurs semblables qui semblent adorer ce jeu. Quand les femmes investissent les marchés pour les écumer en long et en large, c'est que l'heure a sonné pour leurs maris qui doivent s'empêtrer dans toutes sortes de gymnastiques pour ramener à  la maison l'argent nécessaire aux achats de madame. Tous les moyens pour amasser le maximum de dinars sont bons et les plus difficiles peuvent passer pour une vraie villégiature face au courroux de madame, en cas de retour bredouille. Si en période normale, on croit savoir que c'est l'Algérien qui porte le pantalon dans sa maison, dans les périodes «anormales», comme les fêtes, les mariages, la rentrée scolaire, c'est plutôt la femme qui porte la moustache. Et monsieur ne trouve rien à  en dire car il ne veut pas que la voisine soit plus heureuse que sa douce - et parfois dure - moitié. Et pendant que se remplissent les marchés, les supérettes et les puces de quartiers,  les mosquées, elles, se vident. Passés les premiers moments de ferveur religieuse, l'Algérien, qui excelle dans l'art d'exagérer en tout, a appris, petit à  petit,  à  s'éclipser, sur la pointe des pieds,  de la prière des taraouih. Et même de celle du Maghreb. Mais si sa place désormais vide à  la mosquée témoigne de sa piété de volatile, il reste qu'il n'a pas oublié de payer sa dîme des taraouih, en glissant dans la main de l'imam, 100 dinars. C'est moins qu'une livre de zlabia, mais c'est à  prendre ou à  laisser. Ah, toujours si glorieux, akhi el mouwatan !


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