Algérie

L'Aïd et l'essence du temps



L'Aïd du sacrifice a fini sa traversée furtive. On feindra de ne plus compter les jours et on reviendra à la routine de la comptabilité des heures, sinon on se remettra à égrener les mois pour se demander quand arriveront le prochain ramadhan et les prochaines fêtes.Un sentiment étrange perturbe l'esprit quand on se rend définitivement compte que le vingt et unième siècle est bien ancré dans le parcours du temps. Hier encore, la perspective de l'intrusion prochaine de l'an 2000 laissait penser à l'arrivée d'un ogre astronomique au point de dérouter la pensée pour laisser croire que la fin du monde était annoncée. D'ailleurs les négativistes avaient suggéré que l'humanité se dirigeait vers un arrêt définitif ce à quoi les optimistes futuristes répliquaient par la certitude d'un avenir en rose où l'être humain sera un dieu. Quelques mirages ont la peau dure : circulation aérienne des voitures et sans doute des croisières vacancières sur la Lune et probablement une durée de vie humaine infinie. On ignorera que le véhicule électrique avait entamé la conquête des boulevards au début de l'année 1900. Son récent retour n'est que répétition pour signifier qu'il arrive à l'humanité de faire marche arrière quand la nature lui impose l'essoufflement.
Pourtant l'essence du temps en permanence maîtrisée, tantôt comète, tantôt spectre invisible mais infiniment présent, répète sans cesse ses variables et dramatiques entournures. Les années et les siècles passent et se rétrécissent avec leurs lots d'apparents bonheurs et de tragédies.
Plus de cinquante millions de morts au cours de la seconde guerre mondiale et des villes entières rasées ont l'air de n'être que de vagues souvenirs pour que les hommes s'ingénient à répéter les mêmes folies pour broyer le temps et faire fondre son sens et son poids. Le bonheur des hommes est insaisissable tant la lutte pour la survie s'est généralisée et s'est étendue aux peuples prétendus nantis et certains se remettent à regretter l'âge de la pierre et la nourriture herbacée.
Il est alors à croire qu'en l'espace d'un Aïd ou d'un siècle le temps n'a pas autorisé à l'espèce humaine, de plus en plus désemparée, de reculer pour mieux sauter.


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