Algérie

L'Aïd de tous les excès et de toutes les pénuries



A l'instar des années précédentes, durant les deux jours de l'Aïd, le citoyen oranais a dû faire preuve de beaucoup de persévérance pour «dénicher» sa baguette de pain ou son sachet de lait. Pour beaucoup, c'était l'Aïd de tous les excès, mais de toutes les pénuries aussi.

Pour les plus avertis, les emplettes ont été faites trois à quatre jours avant l'Aïd, provoquant ainsi une certaine indisponibilité des produits, des emplettes qualifiées par certains de véritable razzia. Les plus « naïfs », et il sont nombreux, ont dû attendre le dernier jour de Ramadhan, mais à leur grand désarroi, il n y avait ni pain, ni lait, ni viande, ni légumes. L'après-midi du jeudi, veille de l'Aïd, nombre de marchés étaient complètement désertés, des commerces fermés et les petits revendeurs de pain ont décidé (et une fois n'est pas coutume) d'avancer leur congé d'une demi-journée, privant ainsi les citoyens de l'unique « porte de secours » en temps d'extrême pénurie. Bizarrement, ces petits revendeurs, qui pullulaient aux abords de la rue de la Bastille et à la place de Sidi Blel à M'dina Jdida, ont disparu de la circulation dès les premières heures de l'après-midi de jeudi.

En cette après-midi de pré-aïd, les caisses de lait en sachet ont disparu de devant les commerces, les étals des bouchers étaient carrément vides, les boulangers contraints de donner congé à leurs personnels (généralement résidents hors wilaya) ont baissé rideau. Profitant de cette aubaine, des revendeurs de pain « new-look » ont fait leur apparition près de la rue de la Bastille. Contrairement aux traditionnels revendeurs qui utilisaient uniquement des paniers ou des tables rudimentaires, le citoyen oranais a été surpris de voir plus d'une dizaine de véhicules touristiques pleins à craquer, stationnés côte à côte, proposer du pain traditionnel au prix de 20 dinars la petite couronne. Les ventes étaient effectuées de l'intérieur même des véhicules. Mais, pour certains, le pain était proposé à la vente dans des conditions déplorables, à proximité des amas d'ordures ménagères et autres détritus. Hormis le bénéfice tiré de leur activité illicite, les revendeurs en question ne s'encombrent pas des moindres notions de l'hygiène exigées dans le commerce de cet aliment. Bon gré, mal gré, les clients se sont retrouvés entre le marteau et l'enclume, ou se restaurer sans pain, ou en acheter sans commentaire.

Le jour de l'Aïd, durant toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi, tout était fermé et le transport devenait un véritable casse-tête pour les citoyens qui devaient rendre visite à leurs proches, ceci malgré l'appel des organisations professionnelles lancé quelques jours avant l'Aïd, notamment celui de l'UGCAA, aux commerçants et autres transporteurs. En effet, la veille de l'Aïd, le bureau de l'union de wilaya d'Oran de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avait lancé un appel à tous les commerçants, artisans, transporteurs et chauffeurs de taxi de la wilaya, d'assurer une permanence durant toute la période de l'Aïd et veiller au respect des prestations de service. Un appel qui ne semble pas avoir eu l'écho escompté. Face à cette situation qui a tendance à se répéter chaque année, de nombreux citoyens n'ont pas caché leur colère, appelant les pouvoirs publics à prendre les mesures qui s'imposent. «Comment expliquer que la veille de l'Aïd le poulet était presque introuvable chez les bouchers, mais qu'aujourd'hui (Ndlr, premier jour de l'Aïd), il réapparaît - et rôti ! - chez un grand nombre de bouchers à des prix exorbitants variant entre 650 et 800 dinars le maigre poulet », souligne un père de famille. En effet, le poulet s'il ne se fait pas désirer, s'est négocié à plus de 360 DA le kg chez les quelques bouchers qui ont ouvert boutique, soutenant que cette augmentation est due également à d'autres facteurs dont la faiblesse de production et la forte demande enregistrée durant les deux derniers jours de Ramadhan.

 Toutefois, l'activité qui a fait encore défaut et qui a été pénalisante demeure le transport dont nombre d'opérateurs se sont rués vers une seule destination, à savoir le cimetière de Aïn El Beïda. Heureusement, il y avait la mobilisation des chauffeurs de l'ETO, qui ont réussi un tant soit peu à atténuer cette crise des transports. En l'absence des taxieurs, les clandestins ont pris le relais proposant des « courses » aux prix qu'ils voulaient. Côté hygiène, dans de nombreux quartiers, les stigmates des retards dans la collecte des déchets ménagers étaient fort apparents.

 Hier, au deuxième jour de l'Aïd, une nette amélioration s'est fait ressentir, du moins pour le transport, néanmoins il était très difficile pour les citoyens oranais de s'approvisionner en pain ou en lait, en légumes ou en viandes. Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que les différentes structures abritant les enfants malades et surtout les personnes âgées ont été durant ces deux jours de fête très fréquentées par des dizaines de personnes venues exprimer leurs sentiments de compassion envers ces personnes.




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