L'Aïd, c'est aussi l'occasion de la prolifération de certains métiers
saisonniers : vendeurs de charbon, commerçants d'aliment de bétail, aiguiseurs
de couteaux au moyen de machines manuelles ou électriques pour l'affutage de couteaux et autres outils qui servent à l'abattage
des moutons.
Il y a aussi les transporteurs de moutons, à raison de 300 à 500 DA par
tête et selon la distance, du marché vers la maison ou de la ferme vers le
domicile. Pour le commerce de foin, il suffit de se procurer de la matière
première, repérer un endroit stratégique, un garage ou un terrain vague, voire
un trottoir, et le tour est joué.
Au-delà du caractère conjoncturel de ce phénomène, qui est en somme
étroitement lié à cet événement et dont la durée de vie est très éphémère, ce
qui retient l'attention c'est l'ampleur du phénomène lui-même, autrefois
confiné dans certains endroits et considéré comme la «chasse gardée» d'une
minorité d'anciens vendeurs occasionnels bien introduits dans le circuit
informel. Toutefois, le monopole exercé jusqu'à une date très récente par ces
vendeurs aguerris suscite la convoitise de nouveaux arrivants sur le circuit
informel, d'où la prolifération constatée à la veille de l'Aïd. Une autre
catégorie se prépare déjà à faire son entrée sur la scène, le jour de l'Aïd: les
égorgeurs.
Contrairement aux catégories précédentes, dont l'essentiel des affaires
se fait quatre à cinq jours avant le rituel, celle-ci fait une apparition au
premier jour de la fête uniquement. Se transformer en boucher d'un jour, accompagné
d'un ou même de deux apprentis bouchers, nécessite également de posséder au
moins le jour J tous les outils nécessaires : couperet, couteaux, hachoir, scie,
tempe (morceau de bois au moyen duquel le boucher tient ouvert le ventre d'un
animal)…
Les pères de famille n'ayant pas le courage d'effectuer cet acte
sollicitent des amis, voisins ou autres «égorgeurs occasionnels». Il arrive que
ces derniers exigent des sommes allant jusqu'à 1.000 dinars, parfois davantage.
Attention : “souffler'' la peau de la bête fraîchement égorgée est un vrai
métier qui demande… du souffle. Dans certaines régions, un nouveau métier a
fait son apparition ces dernières années, les tanneurs qui font le ramassage le
jour de l'Aïd de peaux des bêtes pour les laver.
Un travail ingrat, apanage autrefois des femmes au foyer et qu'exécutent
de nos jours beaucoup de femmes issues de familles nécessiteuses contre une
somme relativement modeste de deux ou trois centaines de dinars. Un autre
créneau est exploité par ces femmes : débarrasser la tête et les membres du
mouton des poils qui les recouvrent.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 30/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : JBoukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com