Algérie

L'agriculture, ce riche parent pauvre


«Parallèlement, des actions de mise en valeur de nouveaux périmètres devront être menées, notamment dans les plateaux et dans les zones sahariennes lorsque la viabilité durable est avérée». (Programme du président de la République)

La nouvelle loi portant sur l'orientation agricole, non débattue ou mal expliquée, est devenue sujette à des rumeurs sur l'évolution politique ou économique de notre agriculture. Quel nouveau modèle productif est envisageable ? Quel est l'impact des modifications de la nouvelle orientation politique agricole, ce thème n'étant pas traité. On se centre sur la «concession» et le crédit «RFIG».

C'est pourquoi il me paraît utile de rappeler mon point de vue de l'Actualité autrement vue sur le Quotidien d'Oran en date du 17/01/2008 «Les milliards de l'agriculture, les apprentis fellahs et les trabendistes». Je préconise qu'il y a lieu de se concerter avec les acteurs qui sont partie prenante vitale du monde rural. La révision du système de gestion du foncier agricole passe nécessairement par la participation des fellahs pour un véritable renouveau de l'agriculture algérienne. La précipitation engendrera les mêmes effets que lors des différentes réformes. Le ministère de l'Agriculture doit impérativement organiser des assises non folkloriques pour amener les fellahs à une réelle participation. Les réformes successives jouent un rôle «désincitatif». Il est urgent que les milliers d'ingénieurs agronomes soient associés au devenir de l'agriculture algérienne. Ils sont marginalisés et se débattent seuls sur le terrain. Nos ingénieurs agronomes sont capables d'identifier les domaines prioritaires de développement.

En premier lieu, le développement de céréales pour l'alimentation humaine ainsi que les produits en céréales secondaires (pour l'alimentation animale), mais aussi en produits tels que les viandes ou la poudre de lait, qui sont importés par notre pays. Il faut des dispositions permettant de favoriser les bonnes conditions de cette production. Parmi ces mesures, il y a lieu de noter la fixation du prix minimum du quintal des céréales initié par le ministère de l'Agriculture.

Aujourd'hui, des modes de production innovants et de nouvelles technologies doivent être développés de façon à répondre aux enjeux

Ma contribution d'aujourd'hui portera sur les Hauts-Plateaux. Leurs terres arides plus ou moins dégradées en voie de désertification. D'une superficie estimée entre 20 millions et 25 millions ha de terres arides dont la végétation est rare et le climat implacable. La température dépasse les 40 °C en été avec des gelées en hiver. Les précipitations par an entre 100 mm et 350 mm d'eau. Autrefois une herbe était une des richesses de l'Algérie: l'alfa. Les touffes de ce végétal plus clairsemées avec d'autres herbes sont les délices des moutons et des chameaux.

La terre est modérément ou gravement touchée par la désertification. Le processus de dégradation des sols continue sur sa lancée, nul n'est en mesure de dire combien d'hectares sont plus ou moins dégradés ou en voie de désertification. La régression des superficies des parcours, la non-régénération des espèces végétales, l'abandon du barrage vert, a fait que le désert avance de façon sûre. La désertification joue un rôle déterminant dans le réchauffement global et les menaces de déséquilibres écologiques. Il faudrait qu'une partie au moins de ces espaces soit confiée à des jeunes habitants de la steppe. Ils représentent la plus précieuse des ressources dans ce combat, car ils connaissent mieux que quiconque leurs terres. En réalité ces populations ont été contraintes d'abandonner leur mode traditionnel d'utilisation du sol, le nomadisme, pour s'imbriquer dans des programmes initiés pour le Nord par le ministère de l'Agriculture (FNRA, FNDRA, PNDRI). La croissance démographique élevée, le chômage incite à la seule activité, l'élevage sur pâturage dont les conséquences sont visibles à l'oeil nu. Selon des sources concordantes, l'estimation du cheptel est de l'ordre de 20 millions des têtes, pratiquement 1 ovin/ha. Le marché est libre, dominé exclusivement par des spéculateurs.



- Association de l'élevage extensif et intensif

1. L'élevage extensif

Le système d'élevage extensif est lié à la terre. L'extensif est ainsi associé à un faible niveau de chargement animal par hectare d'où une faible production que dans des situations intensives. La viabilité économique des systèmes extensifs s'appuie sur une diminution des charges de structures à l'hectare. Des économies d'intrants apparaissent réalisables par une gestion des systèmes fourragers adaptée aux contraintes du milieu et privilégiant le pâturage. Actuellement l'élevage extensif est pratiqué au détriment des équilibres naturels, d'où la dégradation des écosystèmes steppiques.

2. L'élevage intensif

L'élevage intensif est une forme d'élevage qui vise à augmenter la productivité de cette activité, notamment en s'affranchissant plus ou moins fortement du milieu environnant.

Ce système d'élevage se caractérise par l'utilisation de surfaces réduites, les animaux étant logés dans des bâtiments fermés, avec une densité élevée de population, et dépendant totalement de l'éleveur pour leur alimentation. Ce type d'élevage se caractérise aussi par le recours important à la mécanisation et par son insertion dans un système économique. Les progrès de l'alimentation animale permettent de penser l'élevage en termes de substitution d'aliments en croissance animale. L'intérêt de ce type d'élevage est qu'il permet de fournir de la viande et d'autres produits (lait, cuir, laine) intéressants, ce qui a permis une accessibilité certaine de ces aliments. En outre, cette production est moins dépendante des aléas climatiques.

3. Le cheptel camelin

L'élevage camelin avec 140.000 têtes ne bénéficie d'aucune attention particulière dans notre pays. Le progrès est la cause principale de relégation. Autrefois transport privilégié des nomades, estimé pour sa chair, son lait (4 à 10 l/j) et sa laine «oubar» (5 kg/an).

Il était la fierté des targuis. Aujourd'hui seul le burnous «oubar» est la fierté des Algériens.

Notre méhari disparaît lentement de notre paysage sans aucune sonnette d'alarme, doucement mais sûrement. Une vraie menace de notre écosystème.

A ce jour, le ministère de l'Agriculture n'a développé aucune politique de l'élevage camelin. Un laisser-aller total a engendré une régression de l'effectif de nos chameaux.

La paupérisation de la population des Hauts-Plateaux doit nous inciter à une réflexion profonde pour :

- la création des marchés à bestiaux ;

- la création de grands abattoirs avec des chaînes de froid ;

- d'usines de transformation des peaux ;

- d'usines des produits de lait ;

- d'usines des produits cosmétiques ;

- d'usines de transformation de laine ;

- des ateliers d'artisanat (tapis, etc.).

L'objectif d'autosuffisance alimentaire doit s'inscrire dans une politique globale. Une politique à long terme avec des objectifs bien déterminés :

- la mise en défens des terres ;

- la régénération des espèces végétales ;

- l'extension des superficies cultivables ;

- création de nouveaux périmètres ;

- l'irrigation ;

- le soutien des prix.

Nous devons absolument introduire dans les Hauts-Plateaux un nombre important d'hectares d'agriculture en hors-sol ou hydroponique. L'agriculture hors-sol est une nouvelle technique alternative de culture des végétaux qui peut être mise en place.

L'agriculture hors-sol pour produire essentiellement des tomates, concombres, courgettes, laitues, poivrons, piments, haricots, betteraves, radis, destinés à l'exportation.

L'état actuel de nos ressources en eau pose problème pour introduire l'agriculture hors-sol ou hydroponique, mais il y a urgence à développer une véritable politique de l'eau. Il est inconcevable que dans le cadre du développement de l'agriculture on ait permis à des milliers d'agriculteurs de bénéficier de bassins et de forages de puits. Dans les années 70 on parlait d'aire irrigable et de périmètre. Le programme du Président précise qu'il y a lieu d'entamer «des actions de mise en valeur de nouveaux périmètres». Or nous constatons une véritable régression de notre agriculture, par suite de non-application du programme présidentiel. «L'eau est le moteur des grandes civilisations» (Henri Chevalier: «L'eau, un enjeu pour demain»).

Nous devons impérativement ouvrir le débat sur l'eau, la mise au point de nouvelles technologies pour l'exploitation de ressources en eau alternatives (désalinisation de l'eau de mer, condensation de l'eau présente dans l'atmosphère) sont nécessaires pour l'agriculture. Il y a nécessité à investir dans ces nouveaux outils de technologies qui ont permis de fortes avancées pour de nombreux pays, se traduisant par un fort accroissement de la productivité et la sécurisation de l'approvisionnement alimentaire.

La manne pétrolière doit nous conduire à une autosuffisance alimentaire notamment en céréales. L'exemple de l'Arabie Saoudite est là: de 4.000 tonnes en 1981, elle est de 3,5 millions de tonnes aujourd'hui.

La réflexion prospective: quelle sera la production de l'agriculture a l'horizon 2018 ? L'Algérie se doit d'arriver à des rendements importants des grandes cultures, une très forte réduction de la jachère volontaire, et à une spécialisation accrue vers les cultures de blé, orge et maïs.

Nous devons absolument produire 15 millions de tonnes en céréales. Le secteur de l'agriculture doit transformer la production agricole en industrie rentable et exportatrice. Il doit être le moteur de la croissance et du développement des Hauts-Plateaux. Le gouvernement se doit d'encourager tous les efforts en matières agricoles pour atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire et la création de 50.000 emplois viables chaque année.



* Ingénieur agronome expert
Secrétaire général de l'Union nationale
des scientifiques et technologues algériens (UNSTA)




ce M. REGUIG abdelkader ingénieur agronome n'est autre que le Sénateur du tiers présidentiel voir blog
untel - journaliste - oran
24/08/2009 - 4045

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