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l'agriculture algérienne face aux importations dangereuses



l'agriculture algérienne face aux importations dangereuses
Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural se fixe pour objectif d'accroître les investissements dans le secteur
afin de réduire la part de 30% des importations dans la couverture des besoins nationaux en produits alimentaires.
L'indice de performance de l'agriculture algérienne est en hausse. Elle a longuement navigué autour de faux objectifs, faute de politiques claires et adéquates. A fin 2011, l'agriculture algérienne représentait un peu plus de 16% du Produit intérieur brut hors hydrocarbures, 25% de la population active et couvrait, surtout, 70% des besoins nationaux en produits alimentaires.
Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural se fixe pour objectif d'accroître les investissements dans le secteur afin de réduire la part de 30% des importations dans la couverture des besoins nationaux en produits alimentaires. Le défi est de taille. Si les attaques spéculatives sur certains produits de large consommation risquent de se renouveler sous l'effet des lobbies de l'importation, la réalité de l'agriculture algérienne se mesure aussi à l'intéressement de plus en plus croissant des industriels à son amont.
Pour le premier responsable du secteur, Rachid Benaïssa, la crise alimentaire de 2007 devrait servir de leçon au pays qui s'embourbe dans ses achats de plus en plus onéreux. «Nous avons vu en 2007 la crise alimentaire durant laquelle les prix des produits de nécessité ont quadruplé sur les marchés internationaux. Les pays producteurs ne voulaient pas vendre. Les acteurs doivent penser à ce genre de situation. Ce n'est pas un problème idéologique, mais un problème de durabilité pour toute une filière industrielle», prévient Rachid Benaïssa rencontré au sein de son ministère. Lorsqu'il parle de ses choix, il affiche carrément la couleur : «Voilà ce que nous voulons : réduire la part de 30% de couverture des besoins nationaux par le moyen de l'importation. Il faut également augmenter la production de certaines filières pour pouvoir exporter. Il n'y a que le travail structuré qui peut apporter ces résultats. Il est clair qu'on ne produira jamais tout, mais il faut produire le maximum pour éviter des situations commerciales difficiles.»
Au plan juridique, la mise en place d'instruments, dont «la loi sur l'orientation agricole de 2008 et la loi sur le foncier agricole de 2010 sont venues donner la base à même de conforter les privés dans leurs propriétés», n'a fait que conforter la prise de conscience qui se cristallise chez les acteurs du secteur. Pour 2012, l'une des priorités de l'Algérie sera d'accroître les investissements dans l'agriculture, à l'heure où la FAO et la Banque mondiale multiplient les signaux de détresse et pronostiquent une tension sur les produits alimentaires et les prix.
Une croissance internalisée
Les importations de l'Algérie en produits alimentaires sont passées de 6,8 millions de tonnes en 2000 à 11,55 millions de tonnes en 2011. «Nous travaillons pour que la tendance s'inverse au profit de la production nationale. C'est dans l'intérêt des industriels et des importateurs de matières premières», nous dira le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Cependant, l'objectif de s'inscrire dans la logique d'un «développement et d'une croissance internalisés» fait face à une force d'inertie qui opte pour la solution de facilité qui consiste à investir dans les importations. La poursuite de la transition vers la souveraineté alimentaire ne pourra se faire que par la hausse de la production de plusieurs cultures-clés du pays, notamment la production céréalière. Pour progresser vers la souveraineté alimentaire escomptée, l'Algérie devra tout particulièrement dynamiser la production céréalière locale ; à défaut, le pays resterait très exposé à la volatilité mondiale des prix des matières premières.
La consommation nationale de céréales est élevée, puisqu'elle est estimée à 7 millions de tonnes chaque année. Pour M. Benaïssa, qui a tenu à répondre aux questions d'El Watan évoquant la politique de son secteur face à la hausse des importations, «les créateurs de richesses sont les agriculteurs, les éleveurs et les industriels». Autrement dit, l'Algérie n'a de choix que d'assister ses 1 100 000 exploitations agricoles. D'autant plus qu'il est prévu une croissance annuelle de 10% de la demande sur les produits agricoles durant les prochaines années. En termes plus clairs, cette demande s'élève au fur et à mesure de l'augmentation des disponibilités alimentaires. Ces dernières ont été multipliées par 7,5 fois par jour depuis 1963, alors que la production alimentaire nationale a été multipliée par 4,5 fois par jour, le complément étant assuré par les importations, avons-nous appris auprès du ministère de l'Agriculture.
Sur les 12 dernières années, les disponibilités alimentaires sont passées de 16,5 millions de tonnes en 2000 à près de 37 millions de tonnes en 2011. La production nationale est passée durant cette période de 9,1 millions de tonnes à 25,3 millions de tonnes. S'il est vrai que l'agriculture algérienne est sous la pression des importations, elle enregistre depuis quelques années un taux de croissance appréciable. «En 2009, nous avons eu un taux de croissance de 31% en volume, tandis qu'en 2010, nous avons eu un taux de croissance de 8,5% et 10,5 en 2011. Nous avons eu une évolution positive de la croissance de l'ordre de 10,5% durant l'année écoulée.
Ce n'est là qu'une expression d'une énorme marge de progrès. Il faudra savoir en tirer profit au maximum», commente le ministre.
«Il s'agit maintenant de préserver et de soutenir ce mouvement qui s'installe, mais surtout d'internaliser le développement. Il y a une réelle prise de conscience après que les problèmes d'ordre structurel aient été réglés», a-t-il ajouté. Une chose est sûre : lorsque le pays commencera à creuser dans le vide en quête des dernières gouttes de pétrole, l'agriculture s'imposera alors comme seule alternative.




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