Algérie

L'agonie d'une entreprise victime de la dévaluation



Nous avions signé avant le début de l'activité une convention de crédit avec notre banque pour l'acquisition d'équipements avec des échéances de remboursement s'étalant sur la période 1990-1995», raconte Faycel Dib, associé et directeur technique au sein de la SIL. «Le chiffre d'affaires des deux premières années nous a permis de rembourser par anticipation» les échéances.
Le problème c'est que la banque avait «contracté un crédit extérieur auprès d'une banque allemande, mais n'a pas remboursé ses échéances par anticipation alors qu'elle pouvait le faire», explique-t-il. Du coup, «entre 92 et 95, tout ce qui a cumulé comme pertes de changes (suite à  la dévaluation du dinar) par la banque, qui continuait à  rembourser le montant des échéances extérieures, a été répercuté sur la SIL alors que nous avions déjà assumé le montant de la convention y compris les intérêts».
La dette qui a été mise sur le dos de la SIL n'est en fait constituée que des pertes de changes estimés à  34 milliards de centimes par l'expertise judiciaire, alors que le compte officiel (débiteur) de la société était de 16 milliards de centimes.
La décision de justice datant de 2001 n'a toujours pas été notifiée et la procédure demeure au stade de l'appel. Entre temps, la banque a procédé en 2006 à  la vente aux enchères des garanties, qui sont les hypothèques sur les terrains et les bâtiments, et a décidé de se porter elle-même acquéreur tout en reconnaissant que les équipements appartenaient à  la société. «Si une solution est trouvée au problème de la perte de change pour que la banque soit soulagée de ce fardeau, elle restituerait à  l'entreprise la propriété du terrain et les bâtiments de manière à  ce qu'on puisse continuer l'activité», indique M. Dib.
Pour l'heure, explique notre interlocuteur, «nous n'avons pas de bases officielles pour engager des discussions avec notre banque» et de plus «l'initiative doit venir de la banque puisque c'est elle qui sera assainie par le Trésor».
Dans ce cas, et comme pour les autres entreprises qui sont dans des cas similaires, les banques «doivent regrouper leurs comptes et adresser leur dossier au Trésor pour assainissement». Pour le moment, le flou persiste encore sur la nature de la dette qui sera concernée par ce rééchelonnement.
C'est seulement «à partir de là qu'on pourrait voir si l'échéancier est possible et si le niveau d'activité après la mise à  niveau permettrait le remboursement et quelle charge pourrait supporter la société», explique M. Dib. Pour l'heure, «on est dans l'expectative».    
Seule certitude, selon M. Attar, PDG de l'entreprise, «nous avons été déstructurés à  cause de la perte de change et l'entreprise n'a pas pu supporter le remboursement de sa dette qui a été multipliée par 10» en peu de temps.
Il faut noter qu'à la réception de la demande du crédit d'investissement présenté par la SIL en 1986, sa banque avait jugé le projet «d'envergure» et présentant «un intérêt certain». En 1998, elle lui délivrait une attestation de solvabilité et une année plus tard, l'entreprise traînait une dette de 34 milliards de centimes.                
 


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