Algérie

«L'âge n'est pas une maladie»



Les retraités ne constituent pas un bloc homogène. Leur situation est nuancée selon leur pension, leur traversée de vie et les choix qu'ils ont opérés. Mais dans tous les cas de figure, le retraité n'est majoritairement pas en retrait ou en repli sur soi. Depuis toujours, le retraité en Kabylie, est resté actif, productif et ouvert sur des possibilités. La retraite n'est pas dissociée du professionnel pour certains qui font des projets d'activité lucrative ou bénévole. D'autres par contre, versent dans l'inaction et s'esseulent dans un environnement hostile et vide. Dans les années soixante et soixante-dix, la majorité des personnes âgées n'avaient pas de pension de retraite, notamment dans les régions rurales, les rares retraités étaient perçus comme des nantis. Le retraité était perçu comme une personne «aisée», même si sa pension était très faible, elle avait le mérite d'exister. C'est un peu plus tard que les rangs des retraités ont grossi et plus particulièrement, ces dernières années avec les départs massifs recensés dans différents secteurs d'activité. Les inquiétudes quant à leur devenir après la retraite existent chez tous les partants en retraite. Ils se demandent ce qu'ils vont faire, comment ils vont vivre sans le travail, ce qui pose la question de la déprime, d'une part, et d' autre part, ils sont inquiets face à la cherté de la vie et ses exigences.Comment est perçue, préparée et vécue la retraite'
Retraités de l'éducation, des universités et du secteur public ou privé, chacun voit les choses à sa manière. Alors que beaucoup d'entre eux considèrent la période de retraite comme celle des activités telles que s'occuper de leurs enfants et petits-enfants, faire les choses qu'ils ne pouvaient pas faire avant, d'autres estiment que s'occuper de soi fait partie de leur projection. C'est ainsi que faire du sport, aller au Hammam de temps en temps et voyager, soit à l'étranger, soit en Algérie, aller voir la famille, renouer des liens avec la famille et remettre de la spiritualité dans son quotidien.
Des retraités qui se réengagent
Une autre catégorie s'est invitée ces dernières années. Il s'agit de celles et ceux qui poursuivent leurs activités en raison de la faiblesse de leurs revenus (pensions). Pour cette catégorie, prendre sa retraite n'est pas un désengagement, mais un réengagement vers d'autres objectifs. Tous se projettent dans un avenir actif mais avec moins de contraintes. Ainsi, Hamid 56 ans est parti en préretraite après 28 ans de service. Aujourd'hui, il gère un commerce de fruit et légumes. Halid s'est hâté de prendre sa retraite comme il l'explique si bien «je vais enfin travailler où personne pour me donner des ordres». Cette revendication du travail autonome est constatée chez de nombreux préretraités et retraités. L'autre tendance penchait plutôt en faveur du travail «chez l'Etat ou le privé», ou encore le travail «autonome, chez soi» qui semble valorisé, notamment chez les femmes. Depuis mon départ en retraite je me suis mise à la confection», raconte Salima, qui comme sa voisine pâtissière ont quitté leur vie professionnelle à l'âge de 50 ans.
Da Mohamed, retraité des Galeries algériennes durant les années 90 a poursuivi son métier de gestionnaire chez Algérie télécom durant plus de 10 ans après son départ en retraite. « Je n'ai pas pu supporter la vie de retraité en ville, alors j'ai opté pour la reprise de mon métier dans une autre entreprise, ce qui m'a permis de renflouer les revenus mensuels et d'acquérir un véhicule», nous dit-il. Rachid est un villageois. Il n'a eu de pensée que de retrouver ses terres à la campagne après une carrière d'ouvrier à Alfaditex de Remila. «Je jardine, j'élève des bêtes de toutes sortes et pour être honnête avec vous je gagne doublement ma vie et je suis heureux d'accueillir pour les vacances mes petits-enfants et quand j'ai la nostalgie de la ville, je prends une journée, tout au plus en ville», soutient-il. Cette tendance est propre aux villageois.
Parti en retraite dans le sillage de l'effondrement des entreprises de l'Etat durant les années quatre-vingt-dix et de leur démantèlement, suite au programme d'ajustement structurel imposé par les institutions internationales, Belkacem, du haut de ses 70 ans, bon pied, bon oeil, a pris sa véritable retraite, il y a 15 ans. Il est toujours actif «pour ne pas étouffer dans la maison ou traîner dans la rue», dit-il. Le besoin de «travailler ça maintient».
Par contrainte et pour la spiritualité
Abdelkader lui par contre, continue à travailler par contrainte. Marié tard, ses enfants sont encore jeunes et ont des exigences qu'il craint de ne pouvoir satisfaire, alors il reprend du service. «Avec un collègue de la même région nous avons planifié notre départ en projetant de développer un commerce», - et cela dure encore depuis 6 ans. Certains retraités versent dans les activités spirituelles, qui occupent une place de choix dans leurs pratiques quotidiennes et semblent apporter sérénité et bien-être aux personnes âgées. C'est le cas de Idir qui juge de se consacrer à remettre de la spiritualité dans son quotidien, maintenant qu'il s'est assuré une carrière professionnelle, qui a débouché sur une bonne retraite de cadre de l'Etat. « Je me suis rangé dans la croyance m'éloignant de tout ce qui peut me porter préjudice». D'autres comme lui sont plus tournés vers le spirituel: ils fréquentent souvent la mosquée, apprennent le Coran.
Ils participent à la vie de tous les jours
Les séniors sont de plus en plus conscients des nouvelles potentialités qui s'offrent à eux. Ils considèrent que le temps qui leur reste ne doit pas être gaspillé mais pleinement vécu. Les séniors sont actifs, chacun à son rythme et selon ses particularités. D'où cette catégorie, d'hommes et de femmes, qui ne pensent pas à un salaire complémentaire à la retraite mais restent actifs et participent à la vie de tous les jours. ils gardent tous les jours ou à l'occasion leurs petits-enfants et participent aux activités ménagères. «Quand ce n'est pas moi qui fait tout le ménage et la cuisine, je m'occupe de mes petits enfants», indique Ferroudja, qui vit toujours ave»c son unique fils. Les activités ménagères occupent l'essentiel du temps de son époux qui s'occupe quant à lui avec les courses dans le quartier.
Ils militent dans le mouvement associatif
Certaines s'intègrent dans des associations.Toutes les personnes que nous avons approchées étaient satisfaites de leurs conditions de vie mais tous espèrent le retour de la revalorisation des retraites et bénéficier d'autres avantages. C'est le combat que mène Mustapaha dans la cadre de l'ONRA, une nouvelle organisation de retraités algériens, agrées récemment. « Nous sommes en plein structuration des bureau communaux. Nous avons l'intention d'intégrer le conseil d'administration de la CNR, engager des conventions avec les hôpitaux, les hôtels, les Hammams et les agences de voyage», souligne-t-il avant que son camarade Ahmed ne renchérissent «le retraité n'a pas seulement besoins de l'augmentation de sa pension mais également d'un accompagnement dans tous les domaines de la vie et notre organisation est là justement pour être au service de 38 millions de retraités en Algérie en ces temps difficiles». La santé est la préoccupation essentielle des retraités tout comme les loisirs. Notre organisation est justement lo pour établir une prospective des besoins de cette population en termes de loisirs et d'activités et de maintien. L'âge n'est pas une maladie. Les personnes âgées ont des besoins aussi importants en affection, en activité, en loisirs pour préserver leur santé physique et mentale, pour maintenir leur sociabilité et leur sentiment d'efficacité et de là, leur confiance en soi. Un sénior qui se détériore est non seulement une perte de savoirs, de savoir-faire, mais également d'affection pour ses enfants et petits-enfants.


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