Algérie

L'âge du feu Point Zéro : les autres articles


L'âge du feu                                    Point Zéro : les autres articles
Expulsée de son logement à Oran, une femme s'est immolée par le feu et en est morte. Si les premiers immolés en début d'année ont surpris tout le monde, on ne les compte plus aujourd'hui tellement l'acte, d'un terrible désespoir, est devenu une banalité terrible. Tout comme les harraga ou les victimes quotidiennes du terrorisme, les immolés sont passés dans une catégorie subnationale rejoignant l'accident domestique, l'irresponsabilité personnelle ou la crise de folie passagère. Quelques jours avant, un jeune s'était aussi immolé par le feu pour n'avoir pas été admis à l'université.
Le cynisme gouvernemental expliquerait qu'il en a trop fait, on ne se brûle par pour des études qui, de toutes façons, mènent au chômage et à l'Ansej. Mais qu'a-t-il dit sur cette femme, brûlée pour avoir été mise à la rue par l'autorité publique ' Rien. Ni le ministre des 3 millions de logements ni celui des milliards de bus de la solidarité ne jetteront un mot sur cette détresse inflammable et cette inédite façon de se loger, en enfer. On peut comprendre le décideur, l'Algérien, un extraverti prompt à mettre le feu à une daïra ou à un ministère pour protester, est passé à l'introversion et à la phase automutilatrice, préférant se brûler que de brûler la source, réelle ou sublimée, de sa colère.
Pour le gouvernement, le suicide est donc une solution en soi, un poids de moins pour la collectivité et un cas définitivement rayé du grand registre de la doléance. Avec tous les problèmes récurrents, l'Algérie aurait dû exploser. Elle implose. Sous le sourire discret des responsables qui entrevoient la solution finale : on ne peut pas loger tout le monde, les demandeurs doivent s'adapter à l'offre et il faudra brûler les excédents pour entrer dans les chiffres qui contenteront le satisfait Président. Demain, les déclassés de chaque secteur seront accueillis par l'administration avec des lance-flammes.
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