Algérie

L'Afrique aux (footballeurs) Africains



Il y a des lustres que l'opinion publique européenne, faisant écho aux tenants des clubs du vieux continent qui voient tous les deux ans les footballeurs-migrateurs africains retourner vers leur continent d'origine pour défendre les couleurs de leurs pays respectifs à la faveur de la Coupe d'Afrique des nations, n'a pas compris cet appel irrésistible à venir se ressourcer sur la terre ancestrale.En un peu plus de cinquante ans d'existence, la CAN a plus fait pour le rapprochement des peuples du continent que toutes les vaines gesticulations politico-diplomatiques intra-africaines. Au fil des éditions, grâce à cet événement, les jeunesses africaines se sont fait une idée en profondeur des aspects historiques, politiques et sociaux parfois tourmentés des pays africains et de leurs peuples dans une entité géographique qui n'offre pourtant pas de voies de communication d'une grande densité. En 2010, pour aller d'Afrique en Afrique on continue de transiter par l'Europe et les zones d'influence des grandes puissances coloniales restent intactes malgré l'indépendance de toutes les nations africaines. La misère y est criante, la corruption est à ciel ouvert, le développement s'effectue au strict ralenti et les conflits armés en tout genre y prospèrent durablement. Un continent à la traîne, qui étale ses meurtrissures dans l'indifférence internationale générale. Mais en ce mois de janvier, qu'importe, vous diront les puristes, pourvu qu'on y joue au foot en y recevant cette grande transhumance de footballeurs heureux comme des gamins.Des footballeurs de talent, parfois de niveau mondial, qui ont bravé les interdits et les critiques de leurs employeurs pour venir se noyer dans la masse archicolorée du football-folklore de la CAN. Un retour quasi instinctif des footballeurs de la « légion étrangère » africaine sur les portions de brousse défrichée sur lesquelles, dans leur prime jeunesse, leurs pieds nus à l'effort se sont durcis'Le footballeur africain s'est construit patiemment, à la faveur des différentes compétitions africaines avant de s'affirmer brillamment sur le continent européen. Michel Platini, l'actuel président de l'UEFA, a d'ailleurs senti cette extraordinaire évolution physique et technique en faisant cette prémonitoire déclaration, il y a une vingtaine d'années : « L'avenir du football mondial se trouve en Afrique' ! » La justesse de cette vision venait consacrer peu après dans les événements mondiaux des équipes de légende, comme celles du Nigeria et du Cameroun, et une quantité de joueurs de niveau supérieur qui ont fait et font encore le bonheur des plus grands clubs de la planète.Alors, quand l'opinion publique européenne s'étonne que l'Ivoirien Drogba se sépare de Chelsea pendant tout le mois de janvier, que le Malien Kanouté est indifférent aux menaces de sanctions du FC Séville, que l'Interiste Etoo se sente, en cette période particulière, plus Camerounais que Milanais et que le Togolais de Manchester City Adebayor en vienne à risquer sa vie au détour d'un chemin au Cabinda, les Africains que nous sommes savons, ressentons ce qui les pousse à revenir humer l'air poisseux et poussiéreux de Luanda et d'ailleurs. Continent de tous les défis, de tous les excès, de toutes les luttes et de tous les contrastes, n'hésitons donc pas à rajouter une note de circonstance au cri de feu Patrice Lumumba' : l'Afrique aux (footballeurs) Africains' !


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