Algérie

L'Afrique a sa zone de libre-échange



Ahmed Ouyahia, chef de la délégation algérienne
La tergiversation du géant nigérian est perçue comme un signe de mauvais augure. Certains se demandent déjà si la Zleca fera long feu sans le Nigeria, la deuxième puissance économique africaine et si cette défection n'est pas révélatrice de frictions sur certains points de l'accord.
Historique est la date de la journée d'hier pour le continent africain qui vient de mettre le cap vers l'intégration économique avec la signature par 44 pays de l'accord créant une Zone de libre-échange continentale (Zleca) à l'issue du sommet extraordinaire de l'Union africaine qui se tient à Kigali, la capitale rwandaise. L'Algérie, représentée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia à ce sommet, est l'un des pays signataires de cet accord. La Zleca, un des projets phares de l'Agenda 2063 de l'Afrique, est un grand événement, mais qui semble déjà être amputé à sa naissance avec l'absence très remarquée du Nigeria dont le président, Muhammadu Buhari, a annoncé, il y a deux jours, la suspension de sa participation au lancement de ce qui pourrait devenir le plus grand marché commun jamais conçu. «La décision du président est destinée à donner plus de temps aux consultations avec le secteur privé», selon un communiqué de la présidence nigériane. A Kigali, l'ancien chef d'Etat nigérian Olusegun Obasanjo s'est dit «surpris que des présidents africains doutent des bénéfices» de ce traité. «Personne ne doit rater ce tournant historique parce que l'Afrique divisée, balkanisée et donc affaiblie, doit s'unir» a déclaré le chef d'Etat du Niger, Mahamadou Issoufou, chargé de mener à bien le processus.
En fait, la tergiversation du géant nigérian est perçue comme un signe de mauvais augure. Certains se demandent déjà si la Zone de libre-échange continentale fera long feu sans le Nigeria, la deuxième puissance économique africaine et si cette défection n'est pas révélatrice de frictions sur certains points de l'accord. La question mérite d'être posée pour un projet qui est en discussion depuis 2012. Le plus gros marché commun africain est censé intégrer les 55 pays membres de l'UA et avoisinerait 2500 milliards de dollars de PIB cumulés. Il devrait regrouper également l'ensemble des zones régionales commerciales. Pour entrer en vigueur, l'accord devra être ratifié à l'échelle nationale par au moins 22 pays.
Un processus qui pourrait prendre du temps, compte tenu du fonctionnement différent d'un pays à l'autre. Mais à bien voir, l'enjeu est important et permettrait sérieusement à l'Afrique de constituer une force économique. Actuellement, et avec 13 unions économiques africaines, les échanges entre pays africains ne dépassent pas les 16%, ils sont plus de 50% entre les pays asiatiques et près de 70% pour les pays européens. Les pays africains auront tout à gagner en s'unifiant économiquement car cela leur permettra au moins de négocier en tant que force économique continentale après la création du marché unique africain à l'instar de l'Union européenne dont le régionalisme économique a permis d'augmenter le poids de cette communauté sur la scène internationale. Pour l'Algérie, la création de cette Zone de libre-échange continentale peut constituer une sérieuse opportunité lui offrant la possibilité d'élargir l'éventail de ses exportations hors hydrocarbures. En effet, le marché africain, le plus proche et le moins coûteux, peut être le mieux indiqué pour le produit algérien que la Zone arabe de libre-échange (Zale) ou encore celle de la zone Mena (Moyen-Orient, Nord Afrique). Pas besoin d'évoquer le marché européen en raison de l'absence d'une production concurrentielle. Autrement dit, la Zleca peut être la solution pour que l'Algérie diversifie son économie et s'affranchit de la rente pétrolière. En fait, plusieurs opérateurs algériens ont déjà un pied dans le marché africain à l'instar de Condor, Iris, Sole ou encore Faderco. Cependant, l'Etat doit participer à la mise en place d'une stratégie globale qui permettra à sa production d'acquérir le marché africain en offrant notamment encore plus de facilitations au millier d'exportateurs existants.
L'Algérie ferme la porte à la migration clandestine
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé hier à Kigali que l'Algérie a reporté la signature du protocole de libre circulation des personnes pour ne pas ouvrir la voie à la migration clandestine. Il a fait savoir que «l'Algérie a reporté la signature du Protocole de libre circulation des personnes pour ne pas ouvrir la voie à la migration clandestine, même si elle s'est engagée à aider les réfugiés se trouvant sur ses territoires, pour des considérations humanitaires». Il a indiqué que «l'intégration maghrébine, pas encore concrétisée pour des raisons que tout un chacun connaît, peut s'insérer dans la complémentarité africaine», ajoutant que «l'Algérie, qui est actuellement l'une des grandes économies les plus puissantes d'Afrique, doit tirer profit du marché africain afin de commercialiser ses produits».


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