Algérie

L'Afrique a les ressources pour améliorer la vie des africains Rapport 2013 de l'Africa Progress Panel


L'Afrique a les ressources pour améliorer la vie des africains Rapport 2013 de l'Africa Progress Panel
Dans de nombreux pays d'Afrique, des progrès fulgurants ont été accomplis en une décennie, générant des taux de croissance impressionnants. C'est là un constat que tous les économistes, aussi bien africains qu'occidentaux, ont déjà fait. Mais, revers de la médaille, l'exploitation, la surexploitation des fois, des ressources naturelles qui a contribué à cette croissance économique rapide, n'a rien apporté aux Africains. Au contraire, les revenus issus de ces ressources ont même creusé le fossé entre les riches et les pauvres et n'ont pas apporté les améliorations attendues dans différents domaines dont la santé, l'éducation et la nutrition. Ça, c'est le deuxième constat qui ressort dans le rapport 2013 de l'Africa progress panel (APP) sur les progrès en Afrique dont nous avons reçu un résumé.
Ainsi, les décideurs africains n'ont plus qu'une seule alternative : prendre des décisions essentielles pour investir les recettes tirées des ressources naturelles pour créer des emplois, améliorer la vie des populations et générer de nouvelles opportunités pour les millions d'individus des générations actuelles et futures ; ou laisser passer cette immense opportunité et gaspiller ces ressources en alimentant une croissance sans emplois, laissant les inégalités s'installer, avec tous les risques d'explosions, qui, de plus, pourraient neutraliser toutes les «avancées» accomplies.
L'APP est convaincu que l'Afrique peut mieux gérer et exploiter ses vastes richesses en ressources naturelles pour améliorer la vie de ses populations. Cette bonne gestion passe évidemment par une bonne gouvernance qui, elle, doit reposer sur des agendas
nationaux ambitieux en faveur du renforcement de la transparence et de la responsabilité, que les gouvernants doivent définir et communiquer aux gouvernés, en leur accordant le pouvoir de contrôle. L'évasion et les exonérations fiscales à l'échelle internationale, la corruption et une faible gouvernance sont parmi les défis majeurs que les gouvernements, tant africains qu'occidentaux, devront relever.
A ce titre, le rapport de l'APP salue la volonté affichée par le G8 de mettre la fiscalité et la transparence au c'ur du dialogue de cette année. Il invite aussi tous les pays de l'Ocde à reconnaître le coût de l'inaction dans ce domaine critique, surtout pour l'Afrique. En effet, les pertes subies par le continent africain sous la forme de sorties de capitaux illicites représentent deux fois plus que ce qu'elle reçoit en aide internationale, note le rapport. L'APP trouve invraisemblable que certaines entreprises, souvent soutenues par des fonctionnaires malhonnêtes, pratiquent une évasion fiscale contraire à l'éthique et se servent des prix de transfert et de sociétés anonymes pour maximiser leurs profits, alors que des millions d'africains sont privés de l'accès à une nutrition adéquate, à la santé et à l'éducation. Pour soutenir son analyse, le rapport cite en détail cinq contrats conclus entre 2010 et 2012, «qui ont coûté à la République démocratique du Congo plus d'1,3 milliard de dollars de recettes en raison de la sous-évaluation des actifs et des ventes à des investisseurs étrangers. Cette somme représente le double du budget annuel alloué à la santé et à l'éducation dans un pays qui présente l'un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde et qui compte sept millions d'enfants déscolarisés».
Le rapport précise que si les partenaires qui investissent dans les pays africains sont différents, ils ont cependant les mêmes objectifs et intérêts, quel que soit le secteur ciblé : maximiser leurs profits, minimiser leurs investissements et néantiser les réinvestissements. Et cette stratégie perdurera tant que les gouvernants africains accorderont la priorité aux chiffres de la croissance économique, sans se soucier du développement de leurs pays et leurs populations, à tous les plans. Présidé par Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations unies, les dix membres de l'Africa progress panel interviennent au plus haut niveau pour encourager un développement équitable et durable en Afrique. Le Rapport sur les progrès en Afrique est la publication phare de l'APP. Elle est publiée chaque année en mai.
H. G.

Commentaires de membres de l'Africa progress panel
- Kofi Annan : «Les exonérations d'impôts et l'évasion fiscale sont des problèmes de dimension mondiale qui nous affectent tous. Pour les gouvernements du G8, cela correspond à une perte de revenus.
Mais en Afrique, il y a des répercussions directes sur la vie des mères et des enfants. Dans le monde entier, des millions de citoyens ont aujourd'hui besoin que leurs leaders réagissent et prennent les devants.
Heureusement, il semble que l'élan en faveur du changement s'accélère.»
- Graça Machel, présidente de la Fondation pour le développement communautaire, fondatrice du Graça Machel Trust et membre de l'APP : «Ce rapport apporte une contribution essentielle aux débats sur la richesse de l'Afrique en ressources naturelles. Si les
recommandations qu'il contient sont suivies, l'Afrique pourra accélérer ses progrès afin d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement.
Davantage d'enfants iront à l'école, moins de femmes mourront en donnant naissance à leurs enfants, plus d'enfants survivront jusqu'à l'âge adulte.»
- Strive Masiyiwa, président et fondateur d'Econet Wireless et membre de l'APP : «Bien que certaines grandes entreprises fassent preuve d'un leadership remarquable sur le plan de la transparence, d'autres affichent un mépris total pour l'éthique et pour la vie humaine.
En dupant le système, ils compliquent la tâche des sociétés honnêtes.»

Recommandations du rapport 2013
- Les gouvernements africains doivent améliorer leur gouvernance et
renforcer leur capacité nationale à gérer les industries extractives dans le cadre de leur stratégie économique et de développement au sens large.
- Les gouvernements africains doivent placer la transparence et la
responsabilité au c'ur de leurs politiques en matière de ressources
naturelles, garantir à leurs citoyens une juste part des recettes issues des ressources et répartir les bénéfices tirés de ces recettes au moyen de dépenses publiques équitables.
- La communauté internationale devrait se baser sur la Loi Dodd-Frank et sur la législation comparable appliquée par l'UE pour développer une norme mondiale sur la transparence et la divulgation, mettre au point une riposte multilatérale crédible et efficace à l'évasion fiscale et lutter contre le
blanchiment d'argent et contre les sociétés fictives anonymes.
- Les entreprises internationales doivent appliquer les meilleures pratiques en matière de transparence, aider à renforcer les capacités nationales, acheter davantage de produits et de services au niveau local et renforcer les normes dans tous les domaines de la responsabilité des entreprises.
- La société civile doit renforcer ses capacités et continuer à demander aux gouvernements et aux entreprises de rendre des comptes.
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