Algérie

L'Afghanistan dans l'incertitude (Repère)



Que sera la période qui va jusqu'à la fin de 2014, celle qui doit voir les armées étrangères quitter le sol afghan ' Le retrait annoncé lors du sommet de l'OTAN de Lisbonne en 2010, et qui sera confirmé lors de celui de Chicago en mai prochain, est devenu une certitude. Ne restent plus que les modalités techniques, puisque le transfert de certaines institutions aux autorités afghanes a déjà commencé. Il y a donc une espèce de compte à  rebours, et même double puisque, côté afghan, c'est l'incertitude la plus totale. Et celle-ci a été rendue encore plus forte à  la suite de la suspension par les talibans, désormais très près du pouvoir après en avoir été chassés en 2001, des discussions préliminaires entamées avec les Etats-Unis pour mettre fin au conflit en Afghanistan, fustigeant leur attitude «erratique» après les atermoiements américains sur la libération de prisonniers. Une décision que les Américains n'ont pas souhaité commenter, soulignant tout simplement que «la réconciliation est un processus afghan et doit le rester», alors que les Etats-Unis sont mis en cause. Dans un communiqué posté sur leur site internet, les talibans ont annoncé avoir «décidé de rompre tout dialogue avec les Américains en raison de leurs incessants changements de position». La déclaration confirme la tenue de rencontres, au Qatar, entre des représentants des talibans et des Etats-Unis, sur un échange de prisonniers et l'ouverture d'un bureau de liaison des talibans dans ce pays du Golfe.
Le gouvernement afghan a donné son accord pour l'installation de cette représentation hors d'Afghanistan, tout en ne cachant pas sa crainte d'être mis à  l'écart des négociations. Washington a à  plusieurs reprises rassuré les autorités afghanes quant à  leur présence dans ces discussions. Dans le même temps, la Maison- Blanche indiquait que les termes du dialogue de réconciliation en Afghanistan n'avaient pas changé.
Le porte-parole de la Maison-Blanche a cité notamment la nécessité pour les talibans de déposer les armes, de renoncer à  l'organisation extrémiste Al Qaîda et de respecter la Constitution afghane. Plus exactement a-t-il dit, «nous soutenons largement un processus (de réconciliation) qui est essentiel pour la résolution à  long terme du conflit en Afghanistan». Longtemps exclue, une telle hypothèse est envisagée depuis quelques années, soit depuis qu'il est apparu que la victoire militaire était impossible. A l'inverse, estimaient nombre d'observateurs, l'annonce du retrait de la force internationale (ISAF) aurait dû inciter les opposants à  ne plus engager d'opérations et conserver leurs forces. Toutefois, la question qui se pose aujourd'hui est relative à  l'avenir des autorités afghanes actuelles, en pleine réorganisation et en quête de crédibilité à  la suite notamment des accusations de corruption portées contre le président Hamid Karzai et son proche entourage, et aussi sur l'efficacité des nouvelles forces (police et armée) afghanes que l'on dit largement infiltrées par les talibans, manquant de formation et sous-encadrées. A ce sujet, le président d'une sous-commission du Congrès américain demandait tout récemment aux autorités d'enquêter sur «le montant des fonds publics volés et détournés» dont auraient bénéficié le président afghan et sa famille.
D'un autre côté, un chercheur américain rappelait, à  la fin du mois dernier,  le triple objectif de l'engagement militaire en Afghanistan : vaincre militairement Al Qaîda et les talibans ; mettre en place à  Kaboul un gouvernement central efficace et non corrompu ; empêcher que le Pakistan leur serve de base arrière. Il soulignait aussi à  quel point les chefs militaires US veulent àªtre sûrs que le pays ne s'écroulera pas comme un château de cartes et si cela signifie qu'il faut interrompre le retrait et garder davantage de troupes sur le terrain pour éviter l'effondrement, le haut commandement américain est prêt à  l'accepter. C'est peut-être cela qui explique, en fin de compte, l'accord des talibans à  négocier. Un échéancier aussi précis n'est pas quelque chose d'absolu. Tout devrait àªtre plus clair d'ici une année.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)