Algérie

L'affaire traîne à Alger


L'affaire traîne à Alger
Mise sous le coude à Alger, l'affaire de corruption Sonatrach est relancée, encore une fois, à partir de Milan.Le journal italien Il Fatto Quotidiano révèle, avec force détails, les tractations et le jeu sombre des commissions et rétrocommissions auquel s'adonnaient les dirigeants de Saipem et Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines d'alors. 198 millions d'euros versés au ministre algérien via son homme de main, Farid Bedjaoui, avec huit grands contrats pétroliers totalisant une valeur de 11 milliards de dollars en contrepartie.La nouveauté, dans les révélations du journal italien, réside dans le fait que Chakib Khelil s'arrangeait pour ne pas rencontrer les dirigeants de la compagnie italienne en Algérie. Il expliquait à ses «partenaires» que ses mouvements étaient sous étroite surveillance des agents du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) chargés d'enquêter sur la corruption qui secouait le géant pétrolier national. Pour les communications téléphoniques, Khelil prenait également ses précautions en utilisant des téléphones émiratis pour «protéger la confidentialité» des informations.Selon la déposition, Peter Varone, chef de l'exploitation à Saipem, affirme que Farid Bedjaoui était l'organisateur des rencontres, comme ce fut le cas à l'hôtel Four Seasons à Paris. «Nous étions là, Tali, Bedjaoui, le ministre (Khelil) et moi-même. Bedjaoui a introduit le ministre et celui-ci a confirmé que Bedjaoui était une personne en qui il avait confiance. ?C'est une personne en qui je crois', avait lancé Chakib Khelil», rapporte le journal.L'ex-ministre de l'Energie, qui a quitté le gouvernement le 28 mai 2010, était resté hors de portée des juges d'Alger grâce à une protection politique. Il a fallu attendre trois ans pour le voir rattrapé par la justice. Le 12 août 2013, le procureur général d'Alger avait lancé un mandat d'arrêt international contre Khelil, sa femme et ses deux enfants. Le «forcing» de la justice algérienne a fait réagir le clan présidentiel qui tente de sauver le soldat Khelil. Le ministre de la Justice de l'époque, Mohamed Charfi, a révélé comment le secrétaire général de FLN a été missionné auprès de lui pour «extirper» Khelil du dossier jusqu'à exercer un chantage contre lui.«N'est-ce pas, Si Amar, vous qui êtes venu, le jour même de votre installation à la tête du FLN, me proposer amicalement de préserver mon poste de ministre de la Justice en m'engageant à extirper Chakib Khelil de l'affaire Sonatrach comme on extirpe un cheveu d'une pâte», a témoigné l'ex-garde des Sceaux dans une tribune parue dans El Watan du 8 février dernier. Ne cédant pas au chantage, Charfi perd son poste et Chakib Khelil coule des jours heureux dans le Maryland. Près d'une année après son lancement, le mandat d'arrêt international n'est pas encore exécuté au prétexte de certains vices de forme. Et l'affaire semble reléguée aux oubliettes. Pas en Italie.


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