Algérie

"L'affaire Saipem est partie d'Algérie" MAITRE MILOUD BRAHIMI, AVOCAT




«La lutte contre la corruption est épisodique alors qu'elle doit être quotidienne et de tous les instants»
La justice s'occupe des dossiers qu'on veut bien lui donner (...) la corruption touche des personnes plus importantes que celles auxquelles on a affaire aujourd'hui.
«La corruption est ce qu'elle est, elle est ce qu'elle a été», a souligné, hier, Maître Miloud Brahimi sur les ondes de la Radio nationale. Maître Brahimi ne considère pas que «la corruption est plus importante, aujourd'hui, en Algérie qu'elle ne l'était hier». Ce qui est spécifique en Algérie, est que «la lutte contre la corruption est épisodique alors qu'elle doit être quotidienne et de tous les instants et surtout pas circonstancielle ou tous les 15 ou 20 ans», déplore-t-il. On lance une campagne presque tous les 15 ans. A ce rythme, il faut donc attendre jusqu'à 2027 pour voir s'ébranler une autre campagne à caractère politique qui sera intitulée campagne contre la corruption. Maître Brahimi a constaté qu' il y avait en tout et pour tout trois campagnes dites anti-corruption depuis l'indépendance: la première a été lancée durant les années 1980 contre les cadres gestionnaires du temps de Houari Boumediene, laquelle fut une campagne de «déboumedienisation». Au demeurant, cette campagne a fait de grandes victimes telles les affaires traitées par la Cour des comptes, dira-t-il. Cette institution a été utilisée dès sa création dans le cadre dit d'assainissement qui est en réalité, indique-t-il «une campagne politique consistant à faire table rase de l'héritage de l'ère de l'ancien président de la République, Houari Boumediene. Au milieu des années 1990, au lieu de se consacrer exclusivement à la lutte antiterroriste, l'Etat s'en est pris aux cadres dirigeants des entreprises publiques comme Sider, Cosider, etc. Encore une campagne «à caractère politique, parce que tout le monde sait qu'elle fut déclenchée pour favoriser la privatisation des entités industrielles et économiques publiques».
Aujourd'hui, lactuelle campagne est beaucoup plus, selon Miloud Brahimi, un «dérapage que le pouvoir n'a pas pu contrôler» qu'une campagne qui ressemblerait à la première et la deuxième. L'invité de la Radio qui est constitué dans l'affaire de corruption Sonatrach 2, affirme que «ce dossier est dans la normalité». L'affaire Sonatrach porte préjudice à la compagnie nationale des hydrocarbures et à toutes les institutions de le République. L'image de l'Algérie se trouve ainsi complètement défigurée sur le plan international: «Un pays où règne en maître la corruption, un sport national d'élite et la tchipa», dit-il.
L'indépendance de la justice au sens où l'on a compris actuellement «n'est ni possible ni souhaitable» de l'avis de Maître Brahimi. Il ne faut surtout pas rêver, car souligne-t-il, «les affaires dites sensibles sont contrôlées par le sommet de l'Etat - dont beaucoup parmi eux ne se privent pas de la corruption- à travers le ministère public qui dépend directement du ministère de la Justice». Dans le cadre du système judiciaire dans lequel nous évoluons, «il est impossible que la justice puisse s'autonomiser vis-à-vis du pouvoir exécutif», ajoute-t-il. Plus explicite, il fait savoir que «la justice s'occupe des dossiers qu'on veut bien lui donner, car la corruption touche des personnes autrement plus importantes que celles auxquelles on a affaire aujourd'hui». Aujourd'hui, ce qui est anormal, estime-t-il, c'est que «le magistrat est quasiment fonctionnaire de l'Exécutif dont dépend sa promotion et la gestion de sa carrière». En outre, commente-t-il, «on n'attend pas l'actualité dans les journaux pour déclencher une telle affaire de corruption.
Le phénomène n'a pas attendu la venue de l'ex-P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, pour s'introduire dans la compagnie nationale des hydrocarbures, car elle existait bien avant et elle a prospéré même au temps du défunt Boumediene», dit-il. Pour Maître Brahimi, «quand on déclenche une campagne, on est en droit de se demander qui est derrière cette campagne». Le dossier Sonatrach a été déclenché pour que Chakib Khelil débarrasse le plancher, affirme Brahimi. Contrairement à ce qui a été dit et écrit, «l'affaire Sonatrach n'est pas venue d'Italie. C'est ce qui a été fait en Algérie qui a été pris en charge en Italie. On est en train de tout renverser. C'est à la suite d'une commission rogatoire partie d'Algérie dans le cadre de l'affaire Sonatrach que l'affaire Saipem a été déclenchée». «Ce n'est pas le contraire», appuie-t-il, comme disent les uns pour se disculper et d'autres pour semer la confusion.
Donc, poursuit-il «ce qui a été fait dans le cadre de l'affaire Sonatrach 2 en Algérie a été fait correctement à Milan. Par ailleurs, la cassation de la Cour suprême dans le cadre de l'affaire Khalifa signifie qu' on va reprendre l'affaire à zéro. «Les personnes jugées lors du précédent procès à Blida seront rejugées totalement puisque la Cour suprême a annulé le premier jugement».
Cependant, la mise de Abdelmoumen Khalifa sous écrous extraditionnels depuis très longtemps, soit entre 5 à 6 ans «est du jamais-vu», dit-il. Cela a fait dire à Maître Brahimi que «le golden boy ne sera pas extradé». Parce que malheureusement, il est arrivé à l'Algérie de prendre certaines libertés avec les conventions internationales à l'occasion d'autres procès. Ces points, qui seront mis en exergue par les avocats de Khalifa, empêcheront son extradition.


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