Algérie

L'affaire du voile en bande dessinée


L'Affaire du voile est le titre d'une bande dessinée signée René Pétillon. Prolixe dessinateur français, il est notamment l'auteur de L'Enquête corse, portée avec succès à l'écran grâce aux talents d'acteurs de Christian Clavier et de Jean Reno. Editée récemment par Albin Michel, L'Affaire du voile met aux prises deux conceptions opposées de l'Islam. La première, apaisée et moderne, la seconde, violente et rétrograde. L'histoire se passe dans une ville qui ressemble à Paris. Sans nouvelles de sa fille depuis quinze jours, Mme Pèlerin engage un détective privé pour la ramener au domicile familial. Au cours de ses recherches, Jack Palmer interroge tous les marchands de bonneterie musulmane, implantés dans la rue de Faubourg du Temple et d'Oberkampf, dans le 10e et 11e arrondissements. Il ne néglige aucune piste. Il rencontre l'imam Hadi qui officie dans la mosquée du quartier, interroge le vendeur turc chez qui Lucie avait travaillé huit jours. Sans négliger le marabout de la rue Morand. Mais aucun signe. Où est-elle donc passée ' On susurre du côté de Belleville, quartier où Pétillon a vécu pendant de nombreuses années, que Lucie s'est convertie à l'Islam. Elle aurait pris comme nom, Yasmina Fatwa. Vraie ou fausse information ' Palmer est décidé à démêler l'écheveau sous la pression constante de sa cliente. Ainsi, au fur et à mesure que le brouillard se dissipe sur cette affaire, le détective découvre le fossé qui sépare les musulmans eux-mêmes en ce qui concerne la pratique et la compréhension de l'Islam. Chez l'imam Hadi, il fait la connaissance d'une famille ordinaire, moderne et ouverte aux autres, sans pour autant renoncer à ses croyances religieuses. Chez Bozo Bozo, qui fait le siège pour occuper la seule mosquée du quartier, Palmer découvre l'art de la manipulation des esprits au nom de l'Islam et celui de brocarder les valeurs qui ne s'inspirent pas des fondements de cette religion. « Ce qui m'a le plus dérangé dans l'histoire du voile, c'est surtout la manipulation dont étaient victimes les jeunes filles des cités. Elles doivent avoir le libre choix de porter ce qu'elles veulent. Et pour prévenir ce genre de pression, il faudrait inventer une majorité religieuse à 18 ans, comme c'est le cas pour la majorité civile », pense le dessinateur qui s'est totalement inspiré des manifestations pour le port de voile organisées en France en 2004.« Faire rire les musulmans et les non-musulmans »Mais, outre la manipulation, les adeptes de Bozo Bozo utilisent d'autres moyens pour fragiliser la société française qui les accueille. « Dans certaines villes, raconte Pétillon, ils revendiquent des tribunaux islamiques et des hôpitaux unisexes. Ils poussent même les élèves à refuser certains cours d'histoire ou des sciences naturelles. » Des marches de protestation féminines pour revendiquer le droit de porter le voile ont lieu dans la ville, au fil des pages de la bande dessinée. Elles mobilisent des milliers de jeunes femmes, venues a priori sous la seule pression de leur conviction religieuse. « Voilée parce que je le veux » est le slogan qu'elles ont affiché sur les banderoles pour démontrer qu'elles n'étaient ni manipulées ni « utilisées ». Pourtant, les images montrent comment « les frères musulmans » ont encadré les marches et assuré le transport des protestataires depuis les différentes banlieues parisiennes jusqu'au lieu de la révolte. En prenant soin de distribuer à chacune d'entre elles un exemplaire du Coran. Mais, le temps passe et tous ces éléments n'apportent rien au moulin du vieux et « fatigué » détective Palmer. Les chemins le mènent vers une association féministe musulmane, où il pense enfin trouver le transfuge. Lapidaire, la responsable de la structure l'informe que Yasmina Fatwa avait déserté son groupe suite à un désaccord sur le thème de la lapidation des femmes adultères. La fugueuse, bien travaillée par les enseignantes de l'école et les « frères » a, semble-t-il, pris une position hostile au moratoire visant à interdire de châtier les femmes coupables. A-t-elle adopté cette position après avoir vu sur France 2, Tarek Ramadan se contenter juste de qualifier « le problème de délicat qui doit être traité dans un esprit d'ouverture et de modération ». Possible...L'enquête piétine, mais le détective Palmer n'a pas l'intention de jeter l'éponge. Il élargit son cercle de recherche, quitte Paris pour Mantes-la-Jolie (banlieue parisienne). La rumeur dit que Lucie s'est inscrite pour suivre une première année d'internat dans une école coranique de la ville. Un nouveau filon qui relance l'enquête. Palmer est convaincu de retrouver la jeune française, « après avoir été le seul à pouvoir dénicher un homme (Yvan Colonna ndlr) dans le maquis corse ». Mais l'histoire finira-t-elle ainsi ' « Non, répond l'auteur, qui espère qu'elle fasse rire les musulmans et les non-musulmans. »
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