Algérie

L'affaire devant la Cour suprême



Deux jours après le procès des deux accusés de complicité dans l'assassinat, le 25 juin 1998, du chanteur kabyle Matoub Lounès, qui s'est déroulé, le 18 juillet, au tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou, on enregistre de nouveaux rebondissements dans ce dossier. Le procureur aurait fait, hier, un pourvoi en cassation. Lundi dernier, à Â l'issue de son réquisitoire, il avait demandé la peine maximale contre les deux mis en cause, Malik Medjnoun et Abdelhakim Chenoui. Ces derniers ont été condamnés ensuite à  12 ans de prison ferme à  la fin des délibérations. Me Aït Habib, avocat de Malik Medjnoun, nous a, pour sa part, précisé : «Le verdict de l'affaire est décevant. Donc, on est obligés de faire un pourvoi en cassation près la Cour suprême», nous a-t-il indiqué. L'avocat de l'autre prévenu, Chenoui, a également décidé, lui aussi, de recourir à  la Cour suprême, apprend-on de sources proches du dossier. De son côté, le comité de soutien de Malik Medjnoun estime que le procès des inculpés dans l'assassinat du Rebelle «n'est en effet qu'une mise en scène fabriquée dans les coulisses de la soi-disant justice soumise à  des ordres des vrais décideurs à  qui l'intérêt prime même sur les lois du pays, quitte à  sacrifier des innocents». Le même document ajoute : «Medjnoun et Chenoui ne sont que des boucs émissaires servant un verdict fait et peaufiné exceptionnellement pour des raisons d'Etat afin de justifier l'abus et l'atrocité des 'agents de l'Etat' dans la détention inhumaine de Medjnoun et faire croire à  la population que l'affaire Matoub est close.» Les rédacteurs du même texte relèvent aussi que «le jugement est injuste, car il est tout simplement erroné de faux». Ils considèrent également que «ce procès est entaché d'irrégularités et truffé d'entorses à  la loi». Pour le comité en question, le procès de lundi dernier est fait pour justifier la détention préventive des accusés et il n'a rien à  voir avec l'affaire Matoub. «Devant cette situation dangereuse, nous allons saisir les instances internationales à  travers les ONG de défense des droits de l'homme, afin d'user de leurs compétences, pour interpeller le président de le République, en sa qualité du premier magistrat du pays, à  intervenir pour réétudier l'affaire de Malik Medjnoun et faire la lumière sur l'assassinat de notre idole. Les assassins du barde de la chanson kabyle courent toujours sous la protection de leurs relais qui peuvent influencer toutes les décisions qui se prennent dans le pays, y compris la justice», poursuit le même communiqué. Par ailleurs, il est utile de rappeler que l'affaire de l'assassinat du chanteur kabyle Matoub Lounès a été examinée, lundi, dans une atmosphère tendue, au tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou. L'audience avait été maintes fois suspendue par le juge. La sœur du Rebelle ne voulait pas que le procès soit celui de l'assassinat de son frère car, avait-elle déclaré, rien n'a été fait dans le cadre de l'enquête complémentaire qu'elle avait demandée en 2008. Elle s'est retirée du procès qu'elle qualifie de «mascarade judiciaire». La veuve du Rebelle, Nadia, qui s'est constituée comme deuxième partie civile, a fini par emboîter le pas à  la sœur de Lounès. Elle a décidé d'engager une autre action judiciaire. Il en est de même pour Malika qui compte déposer une autre plainte contre X. «Pour nous, le procès de mon frère ne s'est pas encore tenu», a-t-elle déclaré, mardi, lors d'un point de presse animé à  Tizi Ouzou.  
 


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