Algérie

L’affaire des faux passeurs jugée à Béni-Saf



Deux ans de prison ferme pour le cerveau L’on se souvient que, la semaine écoulée, qua- tre jeunes Oranais voulant tenter la traversée vers le pays de Don Quichotte se sont retrouvés floués de pas moins de 40 millions de centimes par un trio mené par un certain R.B., un repris de justice notoirement connu à Béni-Saf. L’enquête avait également permis de faire le jour, en dernière minute, sur le rôle joué par un certain D.M., 40 ans environ, qui était pressenti pour servir de guide pour la traversée.A la barre, R.B. niera tout en bloc, prétendant n’avoir servi que d’intermédiaire entre les frères M.F. et M.B., propriétaires du chalutier et les quatre Oranais qui auraient voulu, précisera-t-il, s’installer comme pêcheurs dans la région. De tentative d’émigration illégale ? Point n’est question ! Il n’était au courant de rien. «Alors, lancera le juge, pourquoi les avoir hébergés pendant plus d’une semaine dans des conditions proches de la détention ?» Et là, c’est le représentant du ministère public qui interviendra : «Pourquoi alors avoir empoché les 40 millions de centimes et tenté d’enregistrer cette embarcation à votre nom ?» «C’était convenu dans le contrat avec ces quatre personnes : je devenais leur gérant», affirme avec aplomb R.B. sans se démonter. B.F., qui s’exprimera par la suite au nom du groupe des quatre Oranais, réaffirmera la résolution qui les a momentanément liés à R.B., à savoir «la harga et rien d’autre.» «D’ailleurs, où aurions-nous été chercher les 600 autres millions pour l’achat de cette grande embarcation ?» ajoutera-t-il. Le témoignage des trois autres compagnons d’infortune met totalement hors du coup les frères M.F. et M.B., d’honnêtes patrons pêcheurs n’ayant absolument rien à voir dans cette affaire. Ce témoignage collectif confirme également le moyen par lequel ces jeunes sont entrés en contact avec R.B. : «Un harrag, auquel il a assuré le passage vers l’Espagne et qui s’y trouve encore, nous a donné son numéro de portable», diront-ils. Dès lors, il devenait clair pour le tribunal qu’il ne pouvait s’agir que d’une affaire d’escroquerie dont la tentative de traversée vers l’Espagne orchestrée par un réseau organisé n’est pas exclue. La très longue intervention du représentant du ministère public se basera sur ce phénomène «qui frappe notre pays depuis quelque temps déjà et ne peut exister sans des réseaux mafieux.» «Combien de nos chers enfants gisent au fond de la mer après avoir été bernés avec des promesses dorées», dira-t-il. A l’issue de son réquisitoire, il demandera une peine de 3 années de prison ferme et 20.000 Da d’amende pour chacun des mis en cause. Après les brillantes plaidoiries des avocats, le tribunal condamnera R.B., le cerveau de l’affaire, à 2 années de prison ferme et 20.000 Da, D.M., le guide, à 1 an de prison ferme et 10.000 Da d’amende et acquittera les frères M.F. et M.B.


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