Algérie

L'affaire de l'appareil secret d'Ennahdha rebondit


Coup de tonnerre dans le ciel de Tunis, vendredi dernier, dans la soirée: le tribunal de première instance de l'Ariana, dans la banlieue proche de la capitale tunisienne, a publié une liste de 34 personnes suspectées d'être impliquées dans l'affaire dite de l'appareil secret du parti Ennahdha et interdites de voyage dans le cadre de l'enquête qui, faut-il rappeler, dure depuis de nombreuses années. Parmi les personnes concernées, se trouvent Rached Ghannouchi et son épouse, Nourredine Hammami et Ali Ferchichi, notamment. La décision a surpris le microcosme politique car les personnalités visées étaient jusqu'ici considérées comme «intouchables». Presque aussitôt, Ennahdha a réagi avec un communiqué dans lequel le parti prend à témoin l'opinion publique sur le fait qu'aucune information ou notification n'est parvenue à ses responsables avant de répliquer qu'en la circonstance, le président du parti et également président du Parlement dissous par le chef de l'Etat Kaïs Saïed «n'a pas l'intention de se rendre à l'étranger, malgré les nombreuses invitations qu'il a reçues pour participer à plus d'une manifestation internationale, notamment le Forum de Davos, en sa qualité de président de l'Assemblée» dissoute, rappelons-le.L'affaire de l'appareil secret du parti Ennahdha remonte à presque dix ans, lorsque deux assassinats politiques ont coûté la vie aux militants de gauche Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, deux adversaires irréductibles de la mouvance islamiste tunisienne et panarabe. Au fur et à mesure du déroulement de l'enquête, maintes fois étouffée et dont les éléments d'information disparaissaient dans les sous-sols d'une justice aux ordres, il s'est avéré, grâce aux investigations du comité de défense des deux martyrs de la gauche tunisienne, qu'ils ont été abattus devant leur domicile, le 6 février et le 25 juillet 2013, par des terroristes de la mouvance islamiste. Même si les dossiers ont failli «disparaître» et des éléments à charge ont été «effacés» au cours des années écoulées, l'affaire semble avoir bel et bien rattrapé ses auteurs, au grand soulagement du peuple tunisien et des familles endeuillées par ces crimes impunis depuis de nombreuses années.
De son côté, Ennahdha affirme dans sa déclaration d'hier que ses experts vont réagir aux implications de cette affaire, tout en soulignant qu'elle a pour objet de «détourner l'attention de l'opinion publique de ses véritables préoccupations et de la réalité de la crise politique et économique provoquée par le coup d'Etat contre la Constitution et ses répercussions négatives sur la situation économique et les tensions sociales». Reprochant à «l'autorité putschiste» d'être incapable d' « améliorer les conditions de vie des citoyens qu'accablent les hausses injustes des prix et des taxes», le parti islamiste conclut que Rached «Ghannouchi reste à la disposition d'un système judiciaire équitable et indépendant, en raison de sa conviction que le prétendu dossier de l'appareil secret est totalement fabriqué». Le parti Ennahdha qui a conduit tous les gouvernements en place depuis 2011 jusqu'à celui de Mechichi, dissous le 25 juillet 2021, alerte sur les pressions que l'appareil judiciaire subirait, selon lui, de la part du président Saïed dont l'action, dès son élection en novembre 2019, a consisté à expurger la justice de ses «lenteurs, son laxisme et son laisser-aller» dont ont bénéficié nombre d'acteurs politiques et d'hommes d'affaires puissants.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)