Algérie

L'admirable quête du chiffre exact des feuilles mortes



Ilne faut pas être Belkhadem, patrons, experts ou ex-ministres pour le constatermais il faut être Belkhadem, patrons, experts ou ex-ministres pour le découvrircomme une nouveauté: les Algériens gagnent peu, mangent mal, ne produisent paset tombent en feuilles mortes. Avec autant d'argent mis de côté et un si grandpeuple mis de l'autre côté, il s'agit d'un vrai crime. Belkhadem l'a dit, despatrons aussi, des experts et des ex-ministres. Avec un constat si unanime depart et d'autre sur le désastre alimentaire algérien, il y a donc difficulté àtrouver le coupable. Celui qui bloque l'Algérie, la grippe, la ralentit,l'appauvrit, la déstructure et la pousse à prendre la mauvaise décisionperpétuelle. Car ce qui est étonnant dans les dernières sorties médiatiques«spécialisées», c'est que tout le monde est d'accord et que personne ne se sentou n'est coupable: il y a eu meurtre mais personne n'a tué, tout le mondeprésente ses condoléances et tout le monde s'attriste.Bonhomme,serein et étrangement calme lors de la «rencontre gouvernement-opérateurséconomiques» (on ne dit pas patrons par politesse néo-socialiste), Belkhadem adonc expliqué que l'Algérie a été tuée par les spéculateurs qui rendentinutiles les augmentations de salaires qui elles-mêmes ne vont pas résoudre lacrise de la pomme de terre qui elle-même s'explique par les choix de lapaysannerie algérienne. Si l'Algérie est riche et les Algériens encore pauvres,cela s'explique aussi par le fait que des Algériens s'enrichissent enappauvrissant l'Algérie. La solution ? Belkhadem ne la voit pas et ne voit pasque tout le monde le regarde.Quelquesjours après, d'autres patrons, ceux du FCE, redécouvrent aussi que lesAlgériens gagnent peu, mangent mal, ne produisent pas et tombent en feuillesmortes. Personne ne leur en veut parce qu'ils ne sont pas dans le gouvernementmais dans l'attente. Du coup, appuyés par des experts et surtout deuxex-ministres, ils expliquent que si l'Algérie est morte c'est parce qu'on a tuél'investissement, la classe moyenne et les réformes. Le pays ne produisantrien, il ne peut produire que la crise. Le pays important tout, il importe ducoup l'inflation. C'est juste. Ces patrons n'ayant ni raison ni tort tout enayant beaucoup d'argent.L'Algérieest donc morte mais il n'y a pas de coupable: c'est ce que laisse entendre,voir et constater des figures invitées comme Benbitour et Benachenhou. Passésde l'Etat à la critique, du poste à la tribune ou du chiffre à l'émotion, cesexperts illustrent la parfaite inutilité de mener une enquête sur le désastrede l'Algérie. Les deux ont raison d'accuser l'Etat, les deux ont été l'Etat,les deux l'ont meublé et les deux peuvent le critiquer avec les mêmes chiffresà l'appui. On peut donc tuer, être le mort, le meurtrier, l'inculpé, lecoupable, le soupçonné et l'expert. Benbitour et Benachenhou s'indignent et semettent en colère contre l'Etat comme ils s'indignaient et se mettaient encolère contre ceux qui n'obéissaient pas à l'Etat, à l'époque.Résultatgénéral: les Algériens gagnent peu, mangent mal, ne produisent pas et tombenten feuilles mortes. Qui est coupable ? Personne. Un pays peu peut être tué parl'ennui, l'accident, l'eau de Javel. Dans quelques jours on ne parlera plus quedes élections.


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