Algérie

L'adieu d'Ouyahia


L'adieu d'Ouyahia
Vendredi se décidera à Zéralda, l'avenir immédiat du Rassemblement national démocratique. La démission d'Ouyahia serait effective à compter du 15 janvier 2012. Sans portefeuille ministériel, l'ancien chef de gouvernement, et ex-Premier ministre quitte la scène politique nationale sur la pointe des pieds, après avoir souvent assumé des responsabilités à divers échelons lors de sa carrière politique.
On dit de lui, que c'est un excellent administrateur, pour compenser le manque de vision politique. Homme au parcours politique atypique, en raison probablement de la façon rapide qui lui a fait gravir les échelons comme commis de l'Etat, l'ancien Premier ministre, s'était attelé à s'occuper des besognes ministérielles qui lui valurent dans certains cercles, le surnom de nettoyeur des dossiers sales. Un ami journaliste qui écrit rarement dans la rubrique des actualités politiques disait d'Ouyahia : «le meilleur ami d'Ouyahia Ahmed, n'était autre qu'Ahmed Ouyahia». Austère d'apparence, rigoureux et pointilleux en s'appuyant sur des chiffres, qu'il aimait répéter tels des refrains pour appuyer ses déclarations publiques, le désormais ancien secrétaire général du RND et ancien Premier ministre s'était toujours gardé de prendre des initiatives concernant les prospectives politiques, laissant ce soin au président de la République. Eradicateur de première heure, il s'accommoda fort bien avec la réconciliation nationale si importante aux yeux de Bouteflika pour obtenir ses grâces ; mais l'annonce de sa démission de la tête du Rassemblement national démocratique a laissé perplexe les observateurs politiques, d'autant que le faible mouvement interne de contestation, comparativement à celui des redresseurs du FLN, ne laissait guère présager l'éventualité d'un départ aussi précipité. L'homme avait toute la latitude de convoquer la session ordinaire du Conseil national du RND. Pour preuve, en même temps que l'annonce de son départ de la chefferie du parti, Ouyahia a convoqué les coordinateurs de wilaya pour participer aux travaux qui devaient le consolider à son poste. En l'état actuel des choses, nul ne sait si la réunion de vendredi à Zéralda ne virerait pas au vinaigre entre les partisans d'Ouyahia et ceux se réclamant des redresseurs qui seraient sous l'influence de Yahia Guidoum. Personne ne pourrait prévoir si le scénario de juin 2002 ne serait reconduit au cas où entretemps le président de la République venait à demander à Ouyahia de revenir sur sa décision. Pour l'instant, la Présidence reste muette en se démarquant des luttes claniques. Selon les déclarations de responsables proches des membres influents du RND, c'est M. Guidoum qui assure la coordination depuis le départ d'Ahmed Ouyahia. En tout état de cause, la démission d'Ouyahia laisse l'intrigue entière de ce départ, pour ceux qui voyaient en lui le prochain chef de l'Etat. Si le monstre politique algérien a les aptitudes nécessaires pour diriger le pays, étant donné qu'il est un pur produit du système qu'il a servi sans rechigner tout au long de sa carrière, il n'aurait pas que des amis dans le sérail, de plus Ouyahia, selon certains analystes, est loin de glaner la popularité indispensable à la magistrature suprême, en raison de son inflexibilité dans le traitement de dossiers sensibles comme celui des augmentations de salaires. Il est reproché à Ouyahia de n'avoir pas su en tant que chef du gouvernement ou Premier ministre réguler les importations sauvages pour protéger la production locale autrement dit juguler l'inflation. Il lui est reproché aussi d'avoir étranglé l'investissement local en favorisant la pression bureaucratique sur les promoteurs comme sur la population. Ouyahia durant sa gestion aurait largement contribué à rendre l'Etat de plus en plus riche en faisant payer trop d'impôts aux Algériens, alors que dans le même temps, en dépit de l'aisance financière du pays, les ménages rencontrent toutes les peines du monde pour boucler leurs fins de mois.
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