Algérie

L'adieu aux larmes



L'adieu aux larmes
Les terroristes du GIA ont infligé au corps social une blessure indélébileOn aura beau sérier les exemples de réconciliation de par le monde, on ne trouvera pas une nation qui a donné à ce principe la dimension qui est la sienne en Algérie.
Le pays sortait péniblement d'une terrible décennie. Des dizaines de milliers de morts. Des villages entiers abandonnés par leurs habitants, une société désorientée par l'extrême violence par des individus qui disaient détenir l'absolue vérité. Dans le tas, il y avait des politiciens, des idéologues, des théoriciens du chaos, mais aussi beaucoup de fous, de véritables sanguinaires, sans foi ni loi. Durant toute la décennie des années 90, le pays était livré à des énergumènes qui avaient trouvé dans l'interprétation tronquée de la religion, matière à assouvir un désir insatiable de crime. Les terroristes du GIA, à l'image de leurs descendants de Daesch, avaient tout fait en matière d'horreur. Ils ont infligé au corps social une blessure indélébile.
Durant toutes ces années de feu et de sang, les Algériens n'étaient pas restés les bras ballants. Ils ont résisté jusqu'à battre l'hydre terroriste et sa folie meurtrière. L'écolier, l'étudiant, l'enseignant, le pompier, le policier, le militaire, toutes les catégories sociales ont tenu et rendu coup sur coup, chacune dans son domaine. Le terrorisme a été vaincu, mais a laissé des séquelles.
L'attentat du 11 septembre 2001 contre le World Trad Center à New York a provoqué une onde de choc mondiale, l'humanité entrait dans son cauchemar, l'Algérie commençait à sortir du sien. Même si les attentats persistaient encore de manière épisodique, il était entendu que la bête terroriste était à terre. Mais les rancunes étaient encore là, les extrêmes s'exprimaient toujours. Les Algériens ont certes vaincu le terrorisme, mais sa matrice défiait toujours l'Etat et menaçait d'en déséquilibrer les fondements. La sécurité revenait petit à petit, mais la paix telle que la décrivait le président de la République n'était pas encore une réalité quotidienne. La paix, c'est bien plus qu'une victoire militaire, c'est un consensus social et politique à construire.
Le premier acte a été la Concorde civile. Le peuple a adhéré, beaucoup de terroristes ont abandonné la voie violente et sont retournés dans leurs familles. Les Algériens ont compris le sens de l'appel du président. Ils ont compris qu'il ne servait à rien de nourrir les haines et les ressentiments. Ils ont un pays à construire collectivement et chacun, sa vie à vivre. Le processus a pris racine et les citoyens ont pu apprécier la valeur de l'offre politique de Bouteflika. Les citoyens de toute obédience, du démocrate à l'islamiste en passant par le nationaliste, ont admis le bien-fondé de la démarche et se sont tous ligués contre les irréductibles. La violence politique venait de perdre toute légitimité. Les terroristes n'étaient ni «khaoua», ni moudjahidine, mais de vulgaires criminels aux yeux de l'ensemble de la communauté nationale. Une première grande victoire politique de toute une société qui a totalement isolé le discours extrémiste.
Le chemin de l'Algérie vers sa Réconciliation nationale était donc balisé et il suffisait d'une autre initiative forte pour rendre irréversible le désir de paix de l'ensemble des Algériens. Cette initiative, historique, est venue le 29 septembre 2005. A cette date le peuple a voté «oui» pour la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale. Plus qu'un texte énonçant une série de mesures à la faveur de toutes les victimes de la tragédie nationale, la Réconciliation nationale se veut un principe constant sur lequel repose toute une philosophie d'Etat.
Le président de la République qui fait systématiquement référence à la Réconciliation nationale dans toutes ses interventions publiques, est certainement le premier Algérien à avoir pris conscience de l'immensité de ce qui a été réalisé par la société quelques années, après un terrible traumatisme. Trouver la force d'une entente sociale, aussi parfaite, après tout ce qui a été vécu, traduit une détermination hors du commun de tout un peuple. Celui-ci a puisé dans ses ressources les plus profondes pour remonter à la surface et reprendre les tâches de développement national.
On aura beau sérier les exemples de réconciliation de par le monde, on ne trouvera pas une nation qui a donné à ce principe la dimension qui est la sienne en Algérie. Et pour cause, la Réconciliation nationale, ce n'est pas seulement tourner la page de la violence, mais surtout en ouvrir d'autres, plein d'autres où le mot solidarité trouve tout son sens. Dans l'aisance de l'embellie financière comme dans la difficulté des restrictions budgétaires, les couches sociales défavorisées ne sont pas oubliées. Ce message et bien d'autres consolident le corps social et apportent la preuve que la Réconciliation nationale est un processus permanent qui, bientôt, sera convoqué par les Algériens eux-mêmes pour faire face à tous les défis futurs.


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