Algérie

L'addiction au pouvoir



L'addiction au pouvoir
Le compte à rebours a commencé depuis le début des révoltes arabes et il fallait bien que le pendule s'arrête un jour. Et l'horloge du pouvoir avec lui. Dans moins de trois mois, l'actuel Exécutif gouvernemental pliera bagage et les noms des ministres seront happés par le tourbillon de l'oubli. Seuls resteront dans la mémoire collective ceux qui ont mal fait- ils sont nombreux- et ceux qui ont très bien fait, ils sont rares comme toute chose précieuse. S'il y a bien aujourd'hui des Algériens soucieux du calendrier, ce sont nos ministres. Allez demander à un membre du gouvernement la date qu'on sera le deuxième jeudi du mois de mai. Vous serez saisi avec quelle promptitude il vous répondra. Cette fébrilité à maîtriser le calendrier est révélatrice d'un grave malaise qui guette nos ministres. Sachant que la majorité d'entre eux ont passé dix ans de leur vie au pouvoir. Une période suffisamment longue pour imprimer des déformations professionnelles, des habitudes et surtout l'addiction au pouvoir et aux médias. Il va falloir une désintoxication pour ces deux terribles accoutumances. Et à ce titre, l'Etat gagnerait à prévoir un psychiatre du gouvernement pour ces commis de l'Etat qui n'ont jamais tari en larmes pour tous les malheurs et en fanfares pour toutes les victoires. Sera-t-il facile à un ministre d'admettre qu'il puisse redevenir un citoyen normal après tout ce temps' C'est comme l'illusion d'une soirée de fête où toutes les femmes sont belles dans leurs robes et les hommes aimables et galants. Mais quand les convives s'éclipsent, l'orchestre cesse, il faut quitter le bal et rentrer chez soi, la fête est terminée. C'est le moment terrible pour les membres du gouvernement. Leur téléphone cessera de sonner, leur myriade de clients décimée. S'enclenche alors l'artillerie dépressive qui va retentir sans coups de sommation. Qu'est-ce qu'elle est redoutable cette arme! Elle ne tue pas sur le coup, dit-on. Elle consume, elle suce, elle ronge son sujet! Il paraîtrait que l'addiction au pouvoir est périlleuse.
Comme un malheur arrive toujours en couple, à cette accoutumance au pouvoir s'ajoute celle des médias. Quand pendant dix ans, on est sous les feux de la rampe, on finit par y prendre goût et on en abuse. Mais l'overdose médiatique a un coût: les projecteurs d'une actualité médiatique préfabriquée par ces mêmes ministres, a mutilé leur capacité de solitude. Il leur est impossible de concevoir une vie, une action et même un devoir sans les projecteurs des médias. L'overdose médiatique a violé leur dimension la plus intime, la plus privée, la plus secrète. Ils sont enchaînés par ce rituel envahissant du Journal télévisé de 20 heures. C'est donc ça les revers du pouvoir' Que le Ciel nous en garde de succomber à une pareille tentation.


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