Une information, ancienne, celle du blocage des transferts de dividendes
d' Orascom Telecom Algérie (OTA – Djezzy) par la Banque d'Algérie s'est
subitement transformée en une information «neuve», sur un blocage des comptes
bancaires de l'opérateur de téléphonie mobile. Et quand ce sont des agences
d'informations économiques et financières influentes, comme Reuters et
Bloomberg, qui relaient ces news, en y ajoutant des inquiétudes exprimées par
des sources non-identifiées sur un risque de pénurie de cartes Sim, à la veille
de Ramadhan, la Bourse prend note et réagit. L'action d'Orascom Telecom Holding
(OTH) dont Djezzy est la filiale la plus rentable en a subi les effets, à la
baisse. L'action a clôturé, le 3 août sur une baisse de 2,7%, en raison des inquiétudes
suscitées par ces informations en grande partie erronées. Les marchés, toujours
sur le qui-vive, ont réagi «normalement» face à des informations livrées par
des agences d'informations financières de référence. Le gel d'un compte
bancaire d'une entreprise – qui n'a rien à voir avec l'interdiction des
transferts vers l'étranger – est une mesure d'une grande sévérité. Elle frappe
en général une entité fortement soupçonnée de manÅ“uvres frauduleuses. Il s'agit
très clairement d'une sanction qui se traduit par le gel de toutes les
activités bancaires de l'entité concernée, retrait, dépôts, virements etc., ce
qui équivaut de facto à une mise à l'arrêt de l'entreprise. C'est une mesure
massue qui n'a absolument rien à voir avec une interdiction de transfert de
dividendes vers l'étranger. Celle-ci ne frappe qu'un type précis de transaction
et laisse le champ libre à l'entreprise de mener normalement toutes ses
activités bancaires au niveau national.
Confusion
La confusion, qui n'aurait pas dû être faite par des agences
d'informations spécialisées, est grave et elle a eu un impact réel au niveau de
la Bourse. Les informations se basant sur une source non-identifiée sur le
blocage de l'importation de cartes Sim par Djezzy sont venues s'ajouter à la
confusion entre interdiction de transferts de dividendes, prises depuis
plusieurs mois par la Banque d'Algérie, et un blocage pur et simple des comptes
de l'entreprise. Jeudi, Orascom Telecom, en «réponse aux interrogations de la
Bourse» a indiqué dans un communiqué que la Banque d'Algérie n'a pas bloqué les
comptes bancaires de Djezzy mais a interdit les transferts vers l'étranger. OTH
indiquait également que Djezzy ne faisait face actuellement à aucun problème de
disponibilité de cartes Sim pour téléphones portables. La Bourse a
immédiatement réagi au démenti avec une hausse du cours de l'action. Orascom
aurait pu préciser que le blocage des transferts de dividendes ne date pas
d'aujourd-'hui mais de plusieurs mois et qu'il est lié à un contentieux avec la
direction générale des Impôts (DGI). La législation algérienne conditionne,
depuis la LFC 2009, le transfert des dividendes des entreprises étrangères à la
présentation d'un quitus fourni par l'administration fiscale. Outre le fait
qu'il restait, de l'aveu même d'Orascom Telecom Holding, une somme de 25
millions de dollars non payée, le ministère de la Poste et des Technologies de
l'information et de la communication (MPTIC), a pratiquement ajouté une
nouvelle condition, à la suite de la confirmation de tractations pour la vente
de Djezzy à MTN. Le MPTIC a en effet indiqué dans un communiqué à la fin du
mois d'avril, que «toutes les opérations de transfert de capitaux par OTA vers
l'étranger demeureront gelées jusqu'à assainissement de la situation fiscale de
cette entreprise pour les transferts de ses dividendes, conformément à la loi,
mais aussi jusqu'à clarification du futur de OTA avec ses actionnaires
actuels». Ces «glissements» dans l'information sur Orascom Telecom Algérie sont
peut-être l'effet d'une simple erreur… Il n'en reste pas moins qu'ils
trahissent une attention soutenue à l'égard du sort, toujours en suspens, de la
négociation entre le gouvernement algérien et le groupe Sawiris pour le rachat
de Djezzy.
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Posté Le : 07/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com