Berceau du "Printemps arabe", la Tunisie vit aujourd'hui son "jour J". L'issue du scrutin législatif, qui se tient aujourd'hui après avoir été maintes fois reporté, est présentée comme déterminante, voire décisive, pour la stabilité du pays.Jusqu'ici, la Tunisie post-Ben Ali est, de tous les pays touchés par la vague des révoltes populaires, la seule à avoir su, bon an, mal an, se préserver des scénarios catastrophes à la libyenne, à la syrienne ou à l'égyptienne. Ce faisant, elle a démenti la thèse chère aux partisans du statu quo dans la région qui ont décrété, dans une sorte de chantage à l'insécurité, que tout changement politique est une porte ouverte sur le chaos.Si, aujourd'hui, la Tunisie retient son souffle, c'est parce que le terrorisme islamiste y a fait son apparition, alors même qu'il montre toute sa capacité de nuisance en Egypte, et que la Libye est sens dessus dessous. C'est aussi parce que dans la compétition électorale qu'elle s'apprête à vivre aujourd'hui, il y a un concurrent qui s'appelle le mouvement Ennahda et qui, comme toutes les organisations politiques de cette obédience, même lorsqu'elles sont dirigées par leur aile modérée, sont souvent sommées d'opter pour une ligne radicale sous la pression d'une base qui ne sait se mobiliser que dans l'extrémisme, toujours pour le pire, jamais pour le meilleur. Il est vrai que jusqu'ici, la poussée et l'impatience des islamistes radicaux de Tunisie ont été plus ou moins contenues grâce à une certaine "sagesse tactique" d'un Rached Ghannouchi qui a très tôt compris qu'il n'était pas forcément bon pour son mouvement de prendre "tout le pouvoir et tout de suite". Les Frères musulmans d'Egypte en ont fait l'amère expérience et l'Egypte continue d'en payer le prix. Mais Rached Ghannouchi, lui-même, sait que ses ouailles attendent de voir le mouvement Ennahda mettre enfin en pratique leur slogan fétiche : "L'islam est la solution." S'il venait à vaincre sans partage lors de ces législatives, Ennahda aurait à former le gouvernement et se verrait donc contraint d'envoyer des signaux forts à sa base. Et, défait, il n'aurait d'autre choix que celui d'opter pour une opposition pure et dure, avec tout ce que cela peut signifier pour un parti islamiste. Mais, il n'y pas que ces deux probabilités qui donnent des sueurs froides aux Tunisiens. Il y a aussi l'espoir de voir la Tunisie se doter d'une Assemblée à la composante aussi équilibrée que représentative. Une seconde vie pour la révolution du Jasmins, c'est possible, et c'est peut-être aujourd'hui qu'elle commence.
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Posté Le : 26/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd Chekri
Source : www.liberte-algerie.com