Algérie

L'Achoura et la folie des marchés



Le décor planté dans les marchés de fruits et légumes épouse les formes des traditionnels achats à l'occasion de la fête de l'Achoura, prévue le 27 décembre prochain, plus connu à l'Est du pays sous le nom de «Kech'kcha». Du coup, plusieurs étals de fruits et légumes ont subitement disparu... pour laisser place nette à d'autres produits, prisés par la population lors de l'avènement de cette fête religieuse de l'Achoura. La transformation subite de la majorité des commerces à travers les marchés du centre-ville, passant du registre de la vente de fruits et légumes à celui de la commercialisation de cacahuètes, d'amendes, de noix et noisettes, de dattes et autres confiseries, donne un sérieux coup de fouet aux prix.

 Bien évidemment, la hausse des prix à la consommation atteint en moyenne les 80 dinars pour les cacahuètes, dont le kilo est cédé en cette occasion à 240 dinars, et 100 dinars pour les amandes, écoulées à 640 dinars le kilo, alors que l'augmentation enregistrée pour un kilo de noix frôle les 200 dinars ! Dans la foulée, même la confiserie, vendue généralement à 1 dinar la pièce, se trouve aujourd'hui judicieusement injectée en quantités éparses dans le lot des cacahuètes, ou autres amandes et noix, pour être cédée dans la pesée au kilogramme au même titre, et au même tarif de vente affiché pour ces derniers produits, c'est-à-dire «qu'on fait avaler au consommateur de vulgaires bonbons à 240, ou même 640 dinars le kilo !», comme le fera remarquer un citoyen rencontré entre les étals bien garnis du marché «Hadj Bettou».

 Les commerçants, comme à l'accoutumée, avancent froidement l'argument de l'offre et la demande, signalant que «leurs marges bénéficiaires dépendent essentiellement des prix à l'achat auprès des grossistes». Ramadhan, fêtes de l'Aïd El-Fitr et l'Aïd El-Adha, Maoulid Ennabaoui Echarif, Achoura et autres rentrée scolaire, les spéculateurs ont, décidément, beaucoup de rendez-vous pour se sucrer sur le dos du consommateur. Aussi, la disparition des étals habituels dans les marchés n'a pas manqué de doper les prix des fruits et légumes, dont la vente n'est respectée sur les stands des marchés que par quelques commerçants seulement.

 Hier, au grand dam des ménages, la tomate affichait des ailes en se vendant à 120 dinars le kilogramme, la pomme de terre est écoulée à 50 dinars le kilo, le poivron à 120 dinars, les courgettes à 80 dinars... seules les dattes échappent à cette envolée de prix, gardant l'affiche à 120 dinars le kilo pour un produit de qualité moyenne. Quant aux fruits, mêmes ceux de la saison, les prix sont hors de portée des bourses moyennes. Les oranges narguent le consommateur avec 160 dinars le kilogramme, 130 et 140 dinars pour le kilo de mandarines et 100 dinars pour les bananes. «Les prix sont libres», dit-on du côté des commerçants... «oui mais, trop de liberté nuit», répliquent les consommateurs. Lors de sa dernière conférence de presse, tenue le lendemain de la rencontre tripartite, le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, avait souligné que les pouvoirs publics vont s'impliquer, ou se ressaisir du chapitre «contrôle des prix», qui sera de vigueur avec l'application prochaine des nouveaux textes du code du commerce. La régulation des prix à la consommation, avec des marges bénéficiaires clairement identifiées, n'a jamais constitué une quelconque entrave au fonctionnement du marché libre, devait laisser entendre le Premier ministre. En attendant, les marchés locaux sont assez souvent secoués par des folies «passagères».




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