Hier, sous un soleil de plomb, la Gendarmerie nationale est montée d'un cran dans l'échelle de contrôle des accès à Alger. Des barrages filtrants, installés aux entrées est et ouest d'Alger, ne laissaient passer pratiquement que les voitures immatriculées à Alger. La largeur de la chaussée aux points de contrôle s'était rétrécie. Ainsi, sur la route nationale reliant Tipasa à Alger, les gendarmes ont bloqué, au niveau de l'oued Mazafran, dans la localité de Zéralda, trois voies pour n'en laisser qu'une seule. Conséquence, des files de voitures, qui s'étiraient sur plusieurs kilomètres, s'y étaient formées. Excédés par cela, des automobilistes protestaient dans un concert de klaxons pour essayer de pousser les gendarmes à débloquer la circulation.Mais la digue verte semble imperturbable. L'accès à la capitale est minutieusement filtré. Des voitures sont ainsi arrêtées, et la circulation se faisait au ralenti. La malle de même que l'habitacle sont fouillés. Il ne s'agit pas de contrôle routinier de choses banales, comme la vérification des papiers du véhicule, mais de contrôle appliqué jusqu'au plus petit élément, d'une fouille manuelle très poussée, afin de s'assurer qu'aucun étendard amazigh ou même drapeau national n'y a été dissimulé. Les gendarmes semblent avoir agi en application de l'interdiction de brandir tout autre étendard que l'emblème national à l'occasion des manifestations du mouvement populaire de ce 18e vendredi. Dans son discours prononcé le 19 juin 2019 à Béchar, dans le sud-ouest de l'Algérie, Ahmed Gaïd Salah, chef de l'armée, a déclaré que "l'Algérie n'a qu'un seul drapeau" et qu'il "n'admet pas que des citoyens qu'il qualifie de minorité très peu nombreuse" puissent "brandir d'autres drapeaux lors des manifestations".
plus malchanceux se sont fait retirer tous leurs fanions amazighs et drapeau national. Par ailleurs, un barrage routier impressionnant de la Gendarmerie nationale a été installé à l'entrée est d'Alger. Ici, les véhicules passaient également au compte-goutte. Un conducteur de bus à qui un gendarme demandait de s'arrêter a immobilisé immédiatement son véhicule. Des voyageurs en sont descendus. Un gendarme a alors engagé une discussion avec eux, pendant qu'un autre est monté dans le bus à la recherche certainement d'étendards "interdits". Il semble, cependant, n'en avoir pas trouvé. Le bus ne s'est remis en route qu'après y avoir été autorisé par l'agent.
Des témoins affirment avoir mis trois heures pour rejoindre Alger depuis Boumerdès, à cause de ces barrages, alors qu'en temps normal, on met une heure pour parcourir cette distance. Des familles ont dû passer des heures dans leur véhicule avant de pouvoir franchir ces points de contrôle. Tout le monde l'aura compris, des barrages routiers et des postes de contrôle empêchaient tout citoyen venu des wilayas limitrophes de traverser la "nouvelle frontière" et de rallier la capitale pour participer aux grandes manifestations du vendredi. Et le fanion amazigh est un élément nouveau intégré dans ce verrouillage.
Youcef Salami
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Posté Le : 22/06/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Youcef Sallami
Source : www.liberte-algerie.com