Algérie

«L'abstention reste le plus grand parti d'Algérie»


A partir de Sétif, le président de la République Abdelaziz Bouteflika avait sollicité, dans un ultime appel exprimé à la veille des législatives, les Algériens à se rendre massivement aux urnes. Sa prestation à partir de la capitale des Hauts plateaux a-t-elle provoqué un engouement en terme de participation au vote '
A cette question, Louisa Dris Aït Hamadouche, maître de conférences à la faculté des sciences politiques de l'université d'Alger, a estimé que l'effet du discours du président de la République sur le taux de participation (près de 43%) «demeure relatif». «Le discours du président n'a eu d'impact que sur ceux qui étaient jusque-là indécis et n'arrivaient pas à trancher entre l'option de se rendre aux urnes ou de s'abstenir. Je pense qu'il s'agit là d'une propension infime parmi les électeurs algériens.
En d'autres termes, ceux qui étaient convaincus soit de se rendre aux urnes soit de les bouder, le dernier discours du président n'a rien apporter de nouveau à leur conviction», ajoutera notre interlocutrice. Elle poursuit en évoquant le spectre de l'abstention qui a signé à sa manière les législatives du 10 mai, vu que bien plus de la moitié des Algériens ne se sont pas acquitté de leur droit de vote, représentant ainsi un taux de 57% contre 43% de votants. A ce propos, Louisa Dris
Aït Hamadouche a estimé que «l'abstention reste le plus grand parti de l'Algérie. Le taux de participation aux législatives n'a pour mérite que d'être un peu élevé à celui réalisé durant le scrutin de 2007. Du coup, je ne partage pas trop l'enthousiasmes des officiels algériens qui parlent du défi relevé par les Algériens». En outre, notre interlocutrice considère que le taux d'abstention ne reflète pas forcément les efforts consentis par les représentants des partis en lice durant la campagne électorale qu'elle qualifie, du reste, de «l'une des plus mornes auxquelles a assisté le peuple algérien». «C'était une campagne était axée, essentiellement, sur deux volets distincts.
Le premier traduit l'idée d'insister auprès des Algériens sur la nécessité de voter pour démontrer son patriotisme et que le fait de s'abstenir était un acte de traîtrise.
Le deuxième volet était de dire aux Algériens qu'il y a un risque d'une intervention étrangère menaçant le pays». Ce qui explique, selon elle, le fort taux de participation enregistré dans les wilayas du sud du pays. De l'avis de Mme Dris, «outre le fait que le vote dans les régions du Sud constitue une traditionnelle, le discours ultra sécuritaire entretenu durant la campagne électorale a été derrière l'engouement massif des électeurs du Sud compte tenu de leur proximité avec les foyers de tension sévissant au Sahel, à savoir la Libye et le Mali».


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