Algérie

L'absolue tristesse des TV arabes



Comme autrefois sur les bas-reliefs des temples et descivilisations mortes, aujourd'hui, c'est en regardant les télévisions decertains pays arabes que l'on peut déchiffrer la tristesse du sort de leurspeuples. En Algérie, en Syrie ou en Libye ou le Yémen, etc., il suffitd'allumer la télé pour éteindre la joie. L'oisiveté, qui est la mère adoptivede la télécommande aujourd'hui, vous fait déboucher parfois sur ces affreuseschaînes satellitaires que certains pays arabes financent pour vendre leur imageet démontrer que leur terre existe, ou du moins qu'elle insiste. La qualitéd'image est y triste comme une vidéo spirite de l'au-delà et des vies après lesmorts, les présentateurs y sont coincés à la gorge, le peuple y a l'air d'êtreun indicateur ou un délateur anonyme et les dirigeants y sont bavards ouvaniteux comme des paons.

La déréliction y est si énorme que l'on se demande commenton peut la supporter de l'intérieur de ces pays avant de se souvenir que l'on yvit soi-même, à zapper pour alléger le cosmos local et en électrifier les zonessombres de l'avenir. Pour le reste, cela se ressemble où que l'on aille: les TVsatellitaires arabes pauvres font dans le même menu et avec le même décor, drapeauxgéants, images d'inaugurations historiques, vieux martyrs tombés en poussièreet portrait en pied du dictateur du moment. On y vend quelques folkloresdécharnés en guise de cultures, un président ou un roi accomplissant le tour dupropriétaire, entouré par un peuple qui y a l'air d'être l'invité de trop etque l'on appelle à témoigner qu'il mange bien et que la construction destrottoirs avance bien vers la conquête de la lune.

On y sent le poids de la censure, celle des «services» etcelle des combines entre producteurs et unique client, la télévision nationale.On y retrouve une sorte d'Islam pâle comme un fonctionnaire néo-socialiste, chargéde souder le front du peuple au sol le plus proche et d'expliquer la créationen doublant avec une voix grave en off, quelques documentaires sur les fondsmarins et les formations du foetus. Parfois on y retrouve de vieux filmstellement rediffusés que les spectateurs peuvent y jouer dedans et desreportages sur des activités culturelles et des fêtes nationales tellementennuyeuses et ridicules que l'on en a honte. D'autrefois, on y diffuse quelquesmonstruosités politiques, chargées de violer la tête par les oreilles et deconvaincre tout le monde que le pays local est le centre du monde convoité parles Américains, courtisé par les Français et défendu par une armée localealourdie de médailles en fer blanc comme il se doit.

Un exemple: la Libye. En zappant, le chroniqueur tomba parhasard sur une énième conférence du Roi Kadhafi expliquant, avec sa légendairevoix morne et marmonnante, à un parterre de blondesétonnantes et de jeunes blancs studieux, l'avenir du monde et ce que lui va enfaire. Il s'agissait d'une conférence sur l'impact du «Livre vert» surl'Ukraine et les invités étaient des jeunes Ukrainiens venus voir d'où vient lalumière du monde et qui a inventé l'éclairage des âmes. De quoi demanderl'asile au ventre de sa propre mère. Et c'est avec ce genre de télévisions quel'on essaye de garder les enfants de son peuple, que l'on va crier en haut desmontagnes les magnificences de ses mandats et que l'on veut prouver àl'Occident que nous avons une âme, contrairement aux indiens qu'ils ont exterminés et alcoolisés. Selon les légendes spirites, uneâme défunte se reconnaît parce faite qu'elle n'a pas d'images et qu'on ne peutpas la prendre en photo. Pauvres peuples arabes des pays arabes pauvres etféroces ! Il ne leur reste que les danseuses libanaises, inaccessibles... pourrallumer les vies.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)