Algérie

L'absence d'une politique nationale annihile les efforts d'investissement


Il n’y a qu’à voir les récents mouvements de protestation liés au problème de l’emploi enclenchés un peu partout à travers le pays pour s’en convaincre. Que ce soit à travers les formules permettant la création de micro, de petite ou de moyenne entreprises, ou par le biais des formules d’emploi d’attente, l’Etat dépense annuellement des milliards de dinars pour multiplier les opportunités d’emploi. Ansej, Angem, CNAC, DAIP sont autant de dispositifs mis en place depuis longtemps et dont les bilans chiffrés sont publiés régulièrement pour rendre compte du nombre d’emplois créés. Ainsi, entre 1999 et 2008, il a été crée, selon le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, 6,3 millions d’emplois tous dispositifs confondus dont la moitié constituée d’emplois dans le cadre des dispositifs publics financés par l’Etat, le reste sont des emplois créés dans le cadre des autres dispositifs comme celui de l’Ansej et de la CNAC. Récemment encore, Saïd Anane, le directeur de l’emploi au niveau de ce département ministériel indiquait que le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) a donné des «résultats probants». Son objectif a été de permettre l’accès à l’emploi aux jeunes primo-demandeurs inscrits auprès de l’agence nationale pour l’emploi (ANEM). Mais, si la création d’emplois dans le cadre de ces dispositifs est indéniable, sa qualité et sa durabilité continuent quant à elles à faire défaut.   Selon certains experts spécialistes de la question de l’emploi, ces «dispositifs servent encore à réduire les tensions mais ne peuvent contribuer à établir durablement l’équilibre sur le marché du travail» d’autant que seulement une petite partie représente des emplois durables.Les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) indiquent en effet qu’un tiers de la population occupée est constituée de salariés non permanents. Avec une hausse de quelque 200 000 nouveaux emplois chaque année, l’emploi précaire contribue à la baisse du chômage, mais seulement à court ou à moyen terme quand on sait que plus de 80% de ceux qui pointent au chômage aujourd’hui occupaient avant cela des salariés non permanents. Cela fait dire aux experts que les caractéristiques qui dominent dans les créations d’emplois par les différents mécanismes, dispositifs, formules et autres programmes d’investissement sont celle de «la précarité, la sous-qualification et de la mal rémunération». Pour ces experts, les dispositifs en place ne devraient donc pas être reconduits chaque année, mais seulement maintenus pour assurer les dossiers en cours. D’autres comme le professeur d’économie à l’université d’Oran Chouam Bouchama, estime que ce qu’il y a lieu de faire c’est «améliorer la communication autour des dispositifs publics d’aide à l’emploi et à la création d’entreprise, d’assouplir les dispositifs et d’alléger les démarches administratives auprès des agences qui en ont la charge, ainsi que de revaloriser les primes pour les formules d’emploi d’attente». L’informel comme palliatif Pour M. Bouchama comme pour beaucoup d’autres experts, le problème de l’emploi en Algérie réside dans le fait qu’«il y a une profonde inadéquation entre le produit du système éducatif et les besoins d’emploi des entreprises dus à l’orientation de l’instruction et à sa qualité.  Certains observateurs du marché de l’emploi mettent carrément en cause l’absence «d’une politique nationale de l’emploi». Il y a des mesures qui sont prises pour lutter contre le chômage, mais le concept de «la promotion de l’emploi est peu développé», note un chercheur du Centre national de recherche en économie appliquée et développement (Cread). L’Etat n’a donc pas encore trouvé la solution miracle pour venir à bout du problème de l’emploi, mais l’existence d’un marché informel assez prospère lui laisse encore du temps pour manœuvrer. Selon l’ONS, le secteur informel accapare 44% de l’emploi global. Une bouffée d’oxygène pour beaucoup de familles en difficulté, mais jusqu’à quand ' Devant la montée de la grogne sociale, les pouvoirs publics semblent devoir y réfléchir à deux fois avant de déclarer la guerre à l’informel. Ce qui peut s’expliquer notamment quant on sait que «les 2/3 de l’approvisionnement des ménages provient du secteur informel», selon M. Bouchama. Plus qu’une alternative, l’informel dans certains de ses aspects et malgré ses conséquences économiques est devenu une nécessité, car ni le secteur public ni le privé ne sont en mesures d’absorber entièrement la demande qui existe sur le marché de l’emploi.                                                             
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