Par Amine Echikr
Le gouvernement tente depuis quelques années de réduire la dépendance de l'économie algérienne aux importations. Toutes les formules sont tentées. Du contingentement à la sur-bureaucratisation des dossiers en passant par des obligations du crédit documentaire pour financer une importation à la formule du 49-51 pour les investissements étrangers, rien n'y fait. Les importations en valeur explosent même si certains postes baissent en volume.
Toutes les politiques économiques connues ont été testées en Algérie. Toutes ont été préconisées par approximativement les mêmes écoles de pensée, formée à l'Ecole nationale d'administration ou dans les différents instituts de commerce et d'économie. En théorie, toutes auraient du fonctionner de la meilleure des manières au vu de la «beauté» des textes de lois et autres décrets et circulaires.
Du premier plan triennal, à la fin des années 1960, aux différents programmes de rattrapages mis en place par le président Bouteflika, les entreprises et institutions algériennes n'ont jamais su lire les besoins économiques induits par les dépenses publiques. Elles n'ont pas su anticiper les besoins de la population ou des consommateurs qu'engendrait l'amélioration des conditions de vie et de pouvoir d'achat.
Du secrétariat d'Etat au plan, vivier de progressistes et de socialistes convertis aux vertus du libéralisme, aux différentes structures de «veille» et de prospectives, les instruments mis en place n'ont jamais été en adéquation avec les politiques préconisées.
Deux petits exemples suffisent à illustrer ce manque d'anticipation de la part de ceux qui avaient en charge la décision économique. La première est El Hadjar, que tout le monde cite comme étant un fleuron de la sidérurgie, a été conçu pour fournir de l'acier pour une branche quasi-inexistante en Algérie à savoir la mécanique alors que les besoins de notre pays se situaient plus dans le rond à béton en raison des différents programmes de construction, dont le fameux «mille villages socialistes». La seconde est la volonté affichée de faire de tous les algériennes et les algériens soit des diplômés universitaires soit des commerçants alors que les besoins en main-d''uvre qualifiée pour le secteur du Btph explose.
Au niveau microéconomique, les entreprises algériennes savent qu'il est plus facile d'importer que produire en Algérie. Cette tendance ne sera pas inversée tant que les politiques publiques ne s'orientent pas clairement vers un soutien à l'industrie et à l'agriculture. Les importations continueront à coûter cher tant que des opérateurs ne seront pas autorisés à intervenir sur les marchés boursiers pour acquérir blé, lait et autres produits de premières nécessités aux cours les plus bas et à vendre les surstocks au moment où les prix sont orientés à la hausse.
L'Oaic et l'Onil sont deux organismes orientés vers le soutien à la production locale et la régulation du marché mais n'ont relativement aucun rôle dans la réduction des coûts des importations des produits de première nécessitée. Ils ne possèdent pas de salles de marchés qui suivent les cours mondiaux de ces produits agricoles boursiers et procèdent à leurs acquisitions comme une APC qui aurait besoin de réaliser des chauffages dans les différentes écoles de son territoire, c'est-à-dire en procédant par avis d'appel d'offres.
C'est dans ces conditions que le ministre du commerce est pressé de signer «l'accession de l'Algérie à l'Organisation mondial du commerce». Une ouverture complète et totale du commerce extérieur sans en posséder ni les instruments ni les outils et avec une législation des changes correspondant plus à une économie administrée.
La réduction des importations et la volonté d'ouvrir le commerce extérieur nécessite une réflexion bien plus approfondie. Encore une fois, il est bon de rappeler que «gouverner c'est prévoir». Aucune entreprise et aucun ministère n'a d'instrument de planification et d'études efficaces. Le secrétariat d'Etat à la prospective fait de la «com» à propos de «l'Algérie, horizon 2050» alors que nous ne savons pas si nous pourrons équilibrer notre balance des paiements à la fin 2013.
A. E.
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Posté Le : 04/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Photo S Zoheir
Source : www.latribune-online.com