La rentrée sociale dans le pays a lieu sous la menace de paralysies qui risquent d'affecter à brève échéance plusieurs secteurs de l'administration publique. C'est en tout cas ce que des syndicats se sont déclarés déterminés à entreprendre d'ici fin septembre au cas où leurs revendications sectorielles ne sont pas entendues d'ici là et que leurs tutelles persistent à ne pas être à l'écoute.Ce ne sera évidemment pas une nouveauté en Algérie qu'une rentrée s'accompagne de mouvements de protestation visant à forcer la main aux autorités pour qu'elles accordent satisfaction à des revendications sociales. Mais si jusque-là les perturbations que de tels mouvements engendraient dans les secteurs concernés n'inspiraient pas aux autorités d'inquiétudes particulières, il semble que pour cette rentrée elles redoutent réellement cette forme de l'expression du mécontentement social. Elles craignent, en effet, qu'il y aurait risque que cette fois la contestation sociale fasse jonction avec celle politique qui a lieu revendiquant le changement du régime.Cette crainte et la volonté du pouvoir d'en écarter la possible matérialisation nous semblent avoir précipité la décision de Bouteflika de faire entériner par le Conseil des ministres de la rentrée la mesure de l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail. Certes le chef de l'Etat s'était engagé solennellement envers l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) qu'il ferait procéder à l'abrogation de cet article 87 bis dont cette organisation syndicale en a fait son cheval de bataille en terme de revendications sociales. Il n'est donc nullement surprenant que l'UGTA ait affiché sa pleine satisfaction à l'annonce de la mesure endossée par le Conseil des ministres de mardi dernier. Ce qui l'est par contre c'est le peu d'enthousiasme qui a caractérisé les réactions d'autres syndicats à cette nouvelle, alors que la mise en ?uvre du dispositif de suppression de l'article 87 bis devrait sensiblement améliorer les salaires des classes défavorisées.C'est que contrairement à la centrale UGTA ils ne sont pas dupes des arrière-pensées qu'a eues le président pour se résoudre à faire cette concession au monde du travail en la faisant coïncider avec la rentrée sociale. La première étant à l'évidence que son annonce à ce moment-là contribuerait à désamorcer le mouvement de protestation sociale qui se profilait pour l'après-rentrée, les salariés estimant leur revendication centrale exaucée. La seconde, plus sournoise, étant que cette mesure aurait pour effet de rendre acceptable la pilule amère de la révision du code du travail dans le sens restrictif des droits des salariés et des syndicats notamment dans les secteurs économiques et privés.Cela est un secret de Polichinelle que c'est à quoi vise la rédaction en cours d'un nouveau code du travail dans le pays. Les autorités ont obtenu du monde du patronat qu'il acquiesce à la concession promise au salariat par Bouteflika en contrepartie d'un nouveau code du travail bridant drastiquement la revendication sociale en milieu économique et l'implantation syndicale en son sein. Ils n'ont par conséquent pas tort les syndicats qui ont accueilli avec circonspection la décision du Conseil des ministres de procéder à l'abrogation de l'article 87 bis. Et pas tort non plus s'ils ne désarment pas au prétexte d'en être satisfaits.Dans ce monde où triomphe pour le pire la doctrine de l'ultralibéralisme, les salariés et les syndicats qui défendent leurs droits et revendications sont en butte à une féroce offensive voulant en faire les sacrifiés consentant d'un système économique voué à satisfaire les intérêts de leurs exploitateurs. En Algérie où prédomine aussi cette doctrine, les salariés n'ont rien de bon à attendre s'ils ne se montrent pas combatifs.
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Posté Le : 30/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kharroubi Habib
Source : www.lequotidien-oran.com