Algérie

L'aboutissement d'un rêve



Le 18 mars 1962. Quatre signatures concluent un document de 93 pages. Krim Belkacem, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie. Le premier est algérien. Il a dirigé la délégation du GPRA aux négociations d'Evian. Les trois autres représentaient l'Etat français. Par leurs signatures les quatre hommes ont ouvert une perspective nouvelle pour une dizaine de millions d'Algériens. Les négociations ont débuté le 7 mars 1962, pour se terminer le 18 du même mois et décréter le 19 mars, journée de la Victoire pour les millions d'Algériens. Tout un peuple qui voit un rêve se réaliser. La promesse d'un référendum d'autodétermination. Mais cette scène qu'on pensait irréaliste, 7 ans auparavant, était le fruit d'une longue et douloureuse lutte contre une colonisation de peuplement, qui reposait sur un système inhumain, réduisant l'ensemble des Algériens en infra-humains, auxquels on n'accordait aucun droit. Il y a eu la longue préparation politique, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, l'Organisation secrète, puis enfin le 1er novembre, le FLN, l'ALN et un combat héroïque où le peuple ne comptait plus ses morts. Un million et demi en l'espace de 7 ans de guerre. Plus de 10% de la population. Un quasi génocide. Pour parvenir à faire asseoir les représentants de l'Etat français à la même table que ceux du FLN, il aura donc fallu une immense volonté, très peu rencontrée dans l'Histoire de l'humanité. Il fallait que la guerre soit totale et portée sur le territoire de l'ennemi. Pour arriver aux négociations d'Evian, le FLN a créé sa Fédération en France. Celle-ci a ouvert le second front en août 1958. Dans son livre Droit d'évocation et de souvenance, Mohamed Ghafir, dit Moh Clichy, l'un des dirigeants du FLN en France évoque cette page de l'Histoire de la guerre d'indépendance. Ce second front a rapproché les Algériens de leur victoire sur le colonialisme. Le 17 octobre 1961, ces manifestations inédites organisées par un peuple colonisé au coeur de la métropole parisienne aura convaincu le président de Gaulle de la puissance de la détermination des Algériens. Quelques jours après la répression sauvage, de triste mémoire dans l'Histoire de la France, le président français consent à ouvrir un nouveau round de négociations entre l'Etat colonial et le FLN. Il faut dire qu'entre-temps, le 19 septembre 1958, naissait le Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra). Et c'est une délégation de ce gouvernement, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Krim Belkacem qui a fait face aux envoyé du général de Gaulle.Le 19 mars est l'aboutissement d'une révolution qui a marqué le XXe siècle. C'est la preuve tangible qu'un peuple décidé ne perd jamais. C'est aussi la promesse d'une nouvelle nation qui a vu le jour. 59 ans après, on n'a pas le recul nécessaire pour apprécier l'ampleur de cette oeuvre historique. Mais ce qu'on peut d'ores et déjà constater, c'est que lorsqu'une élite croit en la justesse d'une cause, le peuple suit et réalise son rêve. En ces temps de débat mémoriel avec l'ancienne puissance coloniale, cette date est aussi le signe qu'on peut s'entendre. Les quatre signataires des accords d'Evian montrent quelque part la voie.


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