Algérie

Ksentini plaide pour une amnistie générale



Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, a émis, jeudi, à Alger, le voeu de voir le président de la République appliquer l'amnistie générale dans le cadre de la réconciliation nationale. M. Ksentini qui animait une table ronde organisée dans le cadre du forum d'El Moudjahid, a souhaité voir le président de la République aller dans le sens de l'application de l'amnistie générale, car, dira-t-il, «nous devons absolument en finir avec les pages noires de notre histoire et en ouvrir d'autres». Le président de la CNCPPDH a insisté sur la nécessité de voir la réconciliation nationale s'étendre à cette question.

M. Ksentini a, par ailleurs, estimé que la réconciliation nationale «ne doit abandonner personne au bord de la route. Elle doit être approfondie et cela relève du domaine du possible», ajoutant: «nous allons oeuvrer dans ce sens». Le même intervenant a tenu à rappeler que l'amnistie générale, telle qu'elle est envisagée par le président de la République, est soumise à deux conditions: «les terroristes doivent, d'abord, se rendre et ce n'est que par la suite que la question doit être soumise à l'approbation du peuple, par la voie référendaire». Il a également indiqué que la réconciliation nationale n'a «ni vainqueur ni vaincu», estimant que «toutes les violences du monde se sont terminées par une amnistie générale». M. Ksentini qui a qualifié la démarche du président de la République de démocratique, généreuse et réaliste, a estimé le nombre de terroristes en activité à 300 ou 400. «S'ils déposent leurs armes, ils peuvent revenir à la vie normale et se recycler dans la société», a-t-il souligné.

En mars dernier et en pleine campagne électorale, M. Bouteflika, alors candidat indépendant, avait appelé depuis Tamanrasset «les égarés et tous ceux qui activent contre le peuple algérien et ses intérêts à déposer les armes». Au cours d'une activité de proximité organisée à la maison de la culture Moufdi Zakaria, M. Bouteflika a souligné qu'une éventuelle amnistie n'interviendra qu'après le dépôt «définitif» et «total» des armes. «C'est à cette condition que les coeurs s'attendriraient et laisseraient la place à la clémence puis à une éventuelle amnistie», a-t-il noté. Toujours au sujet d'une possible amnistie, il a affirmé que le peuple doit être pour cela «consentant» et que «les intérêts de l'Algérie ne soient pas touchés», ce qui créerait, a-t-il dit, des «conditions politiques et un climat politique favorables» à une telle éventualité.

M. Bouteflika s'est également engagé à faire face au fléau de la violence avec le concours des forces de sécurité, mais aussi au moyen du «dialogue et de l'ouverture». Il a considéré que la violence «ne peut mener qu'à la guerre civile» et, de ce fait, une amnistie mal préparée pourrait mener elle aussi à une guerre civile. Bouteflika a également fait remarquer que «l'amnistie générale suppose la participation et l'implication de l'ensemble des Algériens, quelles que soient leurs idées et leur appartenance politique». Afin de concrétiser cet objectif, M. Bouteflika a affirmé que le dialogue ne devait pas se dérouler dans des «conditions de violence», avant de lancer cet avertissement: «Tous ceux qui nous offenseront seront combattus avec des armes encore plus fortes».

Le 06 avril dernier, soit trois jours avant le scrutin présidentiel, Bouteflika avait estimé qu'une amnistie des islamistes armés encore actifs passera par un référendum. «Il n'y aura pas d'amnistie générale sans référendum car c'est le peuple qui pardonne et nous ne ferons qu'appliquer, en toute souveraineté, sa décision», a déclaré M. Bouteflika durant son dernier meeting à Alger. Il a aussi averti que les forces de sécurité viendront à bout de ces groupes terroristes qui ne saisiront pas l'opportunité qui leur est offerte de reprendre leur place dans la société. M. Bouteflika, qui a fait du rétablissement de la paix en Algérie son cheval de bataille, a déjà organisé deux référendums, depuis son arrivée au pouvoir il y a dix ans. Le premier sur la concorde civile en 1999 et le deuxième, en 2005, a permis l'adoption d'une charte sur la paix et la réconciliation nationale.

Lors de cette même table ronde, le président de la CNCPPDH a estimé que les droits de l'homme en Algérie «sont beaucoup plus respectés encore qu'auparavant et ils le seront davantage, si nous nous y appliquons», soulignant l'importance de prendre en charge le statut de la femme et les droits sociaux. Interrogé enfin sur les prisonniers algériens détenus à Guantanamo, M. Ksentini a déclaré qu'ils peuvent revenir en Algérie s'ils le souhaitaient.




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