Algérie

Kouider Medjahed expose chez «Lotus»: L'art de la langue… du bois


Kouider Medjahed a choisi la sculpture sur bois pour exprimer ce que lui refusent d'autres langages. Autodidacte, il touche à tout: peinture, poterie, travail sur cuir… Mais c'est sur le bois qu'il déverse en ce moment ses rêves, ses préoccupations et son inspiration. Et de ce point de vue, il est transparent. La simple visite de son exposition, qu'abrite en ce moment l'Espace Lotus-Pigier, permet de situer sa première source d'inspiration: la femme. Celles et ceux qui ont assisté au vernissage ont dû relever le caractère érotique très prononcé de la plupart de ses sculptures. «Progéniture», par exemple, illustre des corps enlacés. D'ailleurs, la fusion des corps est récurrente dans les sculptures de Medjahed. Hormis quelques pièces, toutes les 'uvres exposées évoquent le corps de la femme. Tantôt aux formes généreuses, tantôt brillant par sa sveltesse et sa fluidité. Kouider ne s'en cache pas. A cause du choix de son sujet, il a été privé d'exposer dans plusieurs manifestations. Et il n'est pas prêt à faire des concessions sur ce chapitre. Pourtant, Kouider, qui, certes se plaît à se définir comme un «rebelle», n'affectionne pas particulièrement la provocation et les polémiques. Montagnard, il est à l'aise dans sa localité, dans sa façon d'être et en société. Mieux, de son espace vital, il tire une connaissance fine de la faune, la flore et la pierraille qu'il n'hésite pas à étaler quand l'occasion s'offre à lui. Ce cadre de l'administration fiscale étonne par sa grande connaissance de l'histoire de sa région et de son «arch». Parce qu'il est bien installé dans son identité et sa culture.
La femme est sa principale source d'inspiration et la montagne son pourvoyeur essentiel des matériaux qu'il transforme en sculptures. Il façonne tous les genres de bois, à commencer par les plus résistants à la manipulation. Le tronc d'arbre ou la branche récupérés dans la nature sont immergés dans un des oueds de sa Sabra, jusqu'à deux ans des fois, avant d'atterrir dans son atelier. Commence alors un passionnant soliloque avec cette pièce avant qu'elle ne prenne la forme ou juste les contours d'un corps de femme. Le toucher est extrêmement important chez Kouider : il préfère ses mains nues au lieu d'un instrument pour façonner ou lisser une sculpture. Mieux, il préfère produire ses teintes à partir des plantes qu'il cueille à la montagne aux produits chimiques disponibles sur le marché. C'est sa dimension écologique acquise de par sa proximité avec la terre et la nature. Les sculptures de Mejahed ont une particularité : elles n'expriment pas d'angoisse existentielle. « Harmonie », par exemple, illustre une parfaite fusion de deux corps qu'on devine d'une femme et d'un homme. Présentée avec pudeur et naturel, cette sensualité n'a absolument rien de choquant et ne franchit pas les limites de l'indécence. «Beauté», pièce dépouillée, taillée dans l'orme, un bois noble, ne laisse pas indifférent. Rien que les intitulés des pièces exposées nous renseignent sur le monde artistique de ce père de quatre enfants dont l'aîné est actuellement universitaire. Pour plus de clarté, Kouider double chaque pièce par une toile. Et là, il est plus explicite. L'univers se limite à deux éléments : la femme et l'environnement où elle évolue, environnement imprécis mais chargé de couleurs. Cependant, on sent chez ce sculpteur la tentation de vouloir explorer d'autres sujets. «La Symphonie du temps» inaugure peut-être cette nouvelle quête chez notre artiste. Relativement récente, elle est moins élaborée que le reste.
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