Par Ahmed Halli
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J'apprends que le chantre des révolutions vertes, Karadhaoui, a pris une nouvelle épouse chez nos voisins marocains, histoire de faire un pied-de-nez à notre «nif» national. La nouvelle élue serait quand même beaucoup moins jeune que notre compatriote qui a perdu un mari, mais a gagné un siège à l'APN. La différence d'âge serait d'à peine 36 ans, à vos calculettes, sachant que le sénescent cheikh a franchi le cap des 86 ans, ce qui ferait de la nouvelle épouse, une quinquagénaire respectable.
Si Dieu lui prête vie, grâce aux prières insistantes de ses contemporains, Karadhaoui pourra ensuite lorgner vers la Mauritanie, et pourquoi pas l'Azawad ' Celui-là, il va finir par nous encercler avec toutes ces alliances qu'il met en place ! Mais ces gens-là savent jusqu'où ne pas aller, même lorsque la libido fourrage dans leurs vieux corps en quête de réactivité. Karadhaoui veille soigneusement à ne pas dépasser le chiffre officiel de quatre, tel que fixé par la réglementation. Au rythme de ses convolutions (enroulement autour d'un axe, de soi-même ou d'un autre corps, selon le dico), l'imam d'Al- Jazeera pourrait bien atteindre le fatidique chiffre de 66. Mais pour le politiquement correct islamiste, l'essentiel est de ne pas les épouser toutes, et en même temps. Une performance qui ne serait pas au-dessus de leurs moyens, suggèrent-ils, mais qu'ils préfèrent éviter par respect des textes et des convenances. Il faut faire très attention, cependant, car gloser ou plaisanter sur la fringale sexuelle et la polygamie instinctive n'est pas permis à tout le monde, et Moussa Albadiri peut en témoigner. Professeur de philosophie à Bir- Zeït, la célèbre université de Cisjordanie, Moussa Albadiri s'amusait à coller des caricatures naïves, inspirées des aventures de «Superman» sur la porte de sa chambre. Ces reprises de bandes dessinées renvoyaient indirectement aux défauts et aux travers de la société palestinienne d'aujourd'hui. L'une de ces caricatures puisées à un site saoudien représentait un Superman flanqué d'une jolie femme et qui lui demande : «M'épouseras-tu '» Et le Superman de répondre : «Non ! La Charia sur la planète Krypton m'interdit d'épouser une cinquième.» Depuis plus d'un an, ces images, reprenant des blagues connues, ornaient la porte de la chambre de l'enseignant sans susciter la moindre réaction d'hostilité, ni même d'intérêt amusé, mais les «Kryptoniens» islamistes ne dorment jamais. Il y a quelques semaines, et contre toute attente, ils ont entamé une campagne de haine contre le professeur, l'accusant de porter atteinte à l'Islam. Outre les menaces directes proférées contre la personne de Moussa Albadiri, les susceptibles chevaliers autoproclamés de l'Islam ont demandé aux responsables de l'université de le licencier. La direction de Bir-Zeït n'a pas donné suite à la demande de licenciement, mais elle s'est cantonnée dans un silence prudent, comme le constate l'écrivain palestinien Salman Messalha. Non seulement les autorités universitaires n'ont rien fait pour défendre Moussa Albadiri contre ses détracteurs, mais des enseignants se sont joints à la curée, déplore-t-il. L'écrivain regrette aussi le silence des médias palestiniens qui ont joué le jeu de l'autruche devant des faits d'une telle gravité. Il est heureux, ajoute-t-il toutefois que le conseil des associations de droits de l'homme palestinien ait condamné cette campagne. Quant à l'universitaire, pratiquement reclus chez lui, il a publié une déclaration condamnant la veulerie des autorités universitaires devant des groupuscules d'étudiants qui se sont érigés en porte-parole de l'Islam. A quelques encablures de là, mais dans la même veine de la susceptibilité, l'écrivain jordanien Salah Khoreïssat fait l'objet d'un procès en règle, à la mode égyptienne, pour apostasie. Des juristes fondamentalistes ont actionné contre lui l'appareil de justice à cause de ses écrits dénonçant l'obscurantisme et le fanatisme religieux. Le tribunal devait examiner hier dimanche la dizaine de chefs d'accusation contre l'écrivain, notamment la négation de l'existence des mondes surnaturels et des miracles en Islam. Salah Khoraïssan a réfuté l'ensemble de ces griefs et il a ironisé sur son différend avec les intégristes : «Nous sommes implicitement d'accord sur la nécessité de procéder à une relecture de l'histoire à la lumière de la raison. » Puis il a ajouté : «Un peu de savoir peut être nuisible, et l'humanité n'a pas fini de se repentir d'avoir condamné Socrate.» Cette affaire relance le débat autour de la peine de mort imposée aux apostats, alors qu'il n'existe aucune référence dans le Coran à cette sentence suprême. Le penseur Djamal Al-Bana (à voir actuellement sur l'émission «Dine oua dounia», rediffusée actuellement par la chaîne privée égyptienne Dream 1), a tranché la question. Pour lui, ceux qui s'appuient sur «les guerres contre l'apostasie» menées par Abou-Bakr sont dans l'erreur. Il y avait d'authentiques musulmans parmi les «apostats» qui s'opposaient au premier khalife, parce qu'ils refusaient simplement l'autorité du nouvel Etat. Le frère cadet du fondateur du mouvement des Frères musulmans remet en cause l'authenticité de certains Hadiths concernant la condamnation à mort des apostats. Djamal Al-Bana rappelle aussi que l'imam Ibn-Taymia lui-même, la tête pensante du fondamentalisme, ne préconisait la peine de mort contre l'apostat qu'à la condition qu'il ait combattu les musulmans. De plus, ajoute-t-il, il est complètement anachronique, au siècle des libertés et de la démocratie, de condamner à mort quelqu'un parce qu'il a quitté l'Islam pour une autre religion. Comme on peut le voir, les islamistes annoncent déjà la couleur avant même qu'ils soient arrivés aux premières marches du pouvoir. Et lorsqu'ils y sont, cela donne l'Egypte où le candidat des Frères musulmans a annoncé sa victoire à la présidentielle avant même le décompte final des voix. Depuis, la commission électorale chargée d'annoncer les résultats se hâte avec lenteur, attendant un signe du ciel, ou de Washington. Les islamistes maintiennent la pression en occupant la place Tahrir et en menaçant le pays d'une seconde révolution encore plus sanglante. Vendredi dernier, Ouejdi Alarabi, l'un des porte-parole de Mohamed Morsi, le candidat islamiste a été encore plus explicite : «Ceux qui ont voté pour Chafik ont combattu Dieu lui-même en s'opposant à nous», a-t-il affirmé sur un ton qui ne laisse place à aucun doute concernant l'avenir de l'Egypte sous la houlette des Frères musulmans. Mais c'est ça la démocratie, nous crie-t-on de Doha à Washington !
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Posté Le : 25/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A H
Source : www.lesoirdalgerie.com