Algérie

Kiosque arabe



Kiosque arabe
Par Ahmed Halli[email protected] /* */Le Daesh qui avance menace désormais le Daesh qui recule, ou le Daesh qui veut réussir s'en prend au Daesh qui a réussi, pour reprendre l'expression de Kamel Daoud. Le «calife» de Mossoul donne de la voix, et promet la victoire de l'Islam wahhabite sur les ruines de la monarchie wahhabite. L'Arabie Saoudite est donc devenue l'ennemi à abattre pour Baghdadi et son entité «État islamique», fondée sur la doctrine qui a permis la mainmise d'une tribu sur les sanctuaires de l'Islam. L'élève menace de dépasser le maître, après l'avoir détrèné et surpassé en rigueur, fanatisme et cruauté, en l'espace de quelques mois, et de réussir par les armes là où les pétrodollars piétinent. En effet, si l'intégrisme religieux a mis sous sa botte l'intégralité du monde musulman et a subjugué l'écrasante majorité des musulmans d'Occident, il n'a pas encore gagné. Certes, l'argent des Saoudiens et des Qataris a ouvert des brèches et conquis des territoires de soumission, notamment en Europe, mais ces acquis sont friables. Il faut donc revenir aux bons vieux préceptes de l'illuminé Ibn-Abdelwahhab, dont l'aura s'étendit jadis jusqu'aux portes de l'Atlantique, et conquérir le monde par le fer et par le feu. Et le «calife» de Mossoul de se rappeler opportunément un ennemi juré, une ville sainte mise entre parenthèses, et une Palestine dont la libération est différée.Prenez le message audio de Baghdadi et mixez-le avec des images de Karadhaoui, ou l'un des cheikhs wahhabites qui enfièvrent les foules musulmanes, et vous ne verrez aucune différence. Il suffit juste d'oublier le contexte et d'oublier surtout que l'universalité du Coran s'arrête là où l'interprétation de certains versets au pied de la lettre relève de la paranoà'a ou de la mauvaise foi. Ces références dont on essaie d'atténuer la portée, auprès des pays occidentaux, par des protestations d'innocence inopérantes, sont inoculées indistinctement à Rabat ou à Paris. Pour l'Occident, et pour le commun des citoyens d'Europe, l'Islam a une voix, celle des djihadistes de Mossoul, et un uniforme, dévolu exclusivement aux femmes. Ces dernières sont assujetties au minimum consensuel: le voile recouvrant la tête, à défaut de l'intégrale prohibée, et les hommes ont le choix entre plusieurs tailles de barbes et de pantalons. L'Occident qui s'est plié, apparemment sans rechigner, à ces canons, s'évertue paradoxalement à nous les resservir dans ses images et sa communication, jusqu'à servir d'école. Ainsi, le souci de se plier à ces usages se retrouve jusque dans la façon de se représenter : un site dédié à la lutte contre l'islamophobie propose en iconographie une femme voilée et un homme barbu et en calotte.Autre paradoxe: des féministes américaines, voulant protester contre les propos racistes de Donald Trump et manifester leur solidarité avec les musulmanes, se sont converties au hidjab, l'espace de quelques heures. Commentant cette initiative, l'écrivaine palestinienne Ahlem Akram note que des musulmans ont applaudi à cette initiative, oubliant que le phénomène du hidjab s'est amplifié après la Révolution iranienne et avec le financement par les pétrodollars. «On a aussi oublié, ajoute-t-elle, que Nazma Khan, la dame bengalie, a lancé en 2013 la “journée mondiale” du hidjab, au moment même où elle ouvrait sa propre entreprise de fabrication de voiles». L'écrivaine s'étonne également qu'après les attentats de Paris, et sous couvert de lutter contre l'islamophobie, des dizaines de femmes se sont réunies à Londres, en arborant des hidjabs tape-à-l'œil. Comme s'il s'agissait de répondre par la provocation aux provocations racistes de certains députés britanniques qui avaient tenu des propos hostiles à l'Islam. Est-ce qu'il ne serait pas plus judicieux pour la femme musulmane qui vit en Europe d'éviter de porter le hidjab, qui peut paraître comme provocation en cette période troublée' S'interroge Ahlem Akram. «Le hidjab est encore sujet à débat et à contradictions, mais il n'est ni une obligation ni le sixième canon de l'Islam, comme les extrémistes musulmans veulent l'imposer», souligne-t-elle.L'écrivaine qui intervient régulièrement dans la presse arabe sur des sujets à controverse, comme le statut de la femme musulmane, a défrayé la chronique, la semaine dernière, en évoquant le problème du statut personnel en Grande-Bretagne. L'autorisation donnée aux communautés religieuses de gérer la question du mariage et du divorce, selon la loi religieuse, est au cœur d'une polémique. En effet, près d'une centaine de «tribunaux légaux» ou conformes à la Charia ont vu le jour dans le royaume, et de nombreuses associations féministes ont réclamé leur dissolution. Leur grief principal est que ces tribunaux ne respecteraient pas les droits de la femme, comme l'a relevé une universitaire néerlandaise qui a été autorisée à assister à plusieurs séances de ces juridictions religieuses. Ahlem Akram rapporte ainsi le compte-rendu d'une audience et d'une décision scabreuse déclarant illégale l'union d'un couple, marié depuis plusieurs années. La femme avait obtenu le divorce de son premier mari devant un tribunal britannique, puis s'était mariée civilement aussi, et avait eu des enfants avec l'époux actuel. Le premier divorce n'ayant pas d'existence légale, le juge a proposé un compromis : l'époux devait répudier sa femme selon la formule rituelle, la laisser contracter mariage, et le consommer avec un autre, puis l'épouser à nouveau en toute légitimité.L'écrivaine raconte aussi l'histoire survenue dans sa propre famille où son père et sa mère avaient dû ruser avec la rigueur de la loi religieuse, parce que l'époux avait prononcé la formule de répudiation, dans un moment de colère. Un cousin s'était dévoué et s'était isolé un moment dans une pièce avec la répudiée, sous les yeux de l'imam, comme s'il s'agissait de consommer un mariage. C'est ainsi que le couple avait pu retrouver sa légitimité et reprendre le cours normal de sa vie conjugale. Ils sont bien compliqués ces Orientaux. Lorsque j'étais enfant, un parent trop impulsif avait eu l'autorisation (fatwa') d'égorger un bouc, chaque fois qu'il avait prononcé la formule de façon inconsidérée. Heureusement qu'il a appris à se contrôler, par la suite, sinon il aurait décimé tout le troupeau familial.




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