Algérie

KIOSQUE ARABE


KIOSQUE ARABE
halliahmed@hotmail.comL'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou Da'ech est une continuité politique et militaire, selon que l'on soit en Irak ou en Syrie, en attendant la continuité géographique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets : la cruauté est de règle aussi en Syrie, que ce soit envers les soldats capturés ou les minorités religieuses. Au nom de la protection des chrétiens d'Orient et du combat contre «un ennemi plus dangereux qu'Al-Qaïda», Obama bombarde les islamistes d'Irak et arme les Kurdes contre eux. Pas si innocents que ça les Kurdes au demeurant, bien que présentés comme les victimes d'un déséquilibre militaire flagrant face à Da'ech. La retraite précipitée des Peshmergas de la région de Ninive, et notamment de leur place forte de Chenqal, fief des Yézidis, ne serait pas due à la supériorité militaire du khalifat de Mossoul. En réalité, affirme le chercheur kurde Hochenk Brokka, les dirigeants politiques, administratifs, et les forces kurdes ont évacué la ville de Chenkal, en bon ordre, sans avoir pensé à évacuer d'abord les civils. En agissant ainsi, ils ont livré purement et simplement la ville aux conquérants islamistes et ses habitants yézidis aux exactions et aux meurtres, souligne le chercheur exilé en Allemagne. Selon lui, la ville et ses habitants auraient été le prix à payer, pour que l'administration Barazani puisse recevoir des armes occidentales, sans en référer à Baghdad. En redevenant, sur le terrain, un partenaire privilégié des Occidentaux, en particulier des États-Unis, le gouvernement autonome du Kurdistan a donc franchi un grand pas vers un État indépendant, ajoute le chercheur. Or, Washington semblait jusqu'ici de plus en plus réticent à vaincre l'opposition des États riverains, à l'indépendance du Kurdistan. Victimes d'un véritable désastre humanitaire, à cause de l'avancée victorieuse de Da'ech, les Yézidis se voient, en conséquence, relégués au second plan, la priorité étant à la livraison d'armes aux Peshmergas. Kurde yézidi, Hochenk Brokka défend habituellement sa communauté à sa manière, tantôt en dramatisant, tantôt en tournant en dérision ses travers. Sur le registre dramatique, il n'hésite pas à dénoncer les excès de ses compatriotes kurdes sunnites, comme celui du mariage forcé d'une fillette yézidie, âgée d'àpeine 12 ans, avec un jeune sunnite de 20 ans. Pour lui, «il ne reste plus aux Yézidis, en tant que citoyens de basse condition, dans leur Kurdistan supposé être leur patrie définitive, qu'à prier sur le prophôte trois fois : une fois sur le Prophôte de la puissante religion, une autre sur le prophôte du parti puissant (le "Parti démocratique kurde" de Barazani), et une troisième sur le prophôte du clan le plus fort». Il excelle aussi dans la dérision lorsqu'il définit les Yézidis comme la seule communauté qui réussit à concilier ces deux sentences (l'une d'origine inconnue, et l'autre authentiquement arabe) : «qui ne dit mot consent», et «celui qui se tait devant une mauvaise action est un démon muet». De ce fait, le mutisme est devenu une règle d'or, et le silence une valeur sûre et une forme de dynamisme, se taire est pour le Yézidi une forme élaborée de vitalité et d'intelligence, souligne-t-il. Toutefois, la dérision se charge d'amertume lorsqu'il évoque le poids électoral des Yézidis dans le Kurdistan autonome. Alors qu'ils représentent, selon lui, 11% de la population kurde, les Yézidis ont eu zéro élu lors des dernières élections. Ce qui équivaut à en déduire que «dans l'arithmétique kurde le zéro est yézidi, et le Yézidi est égal à zéro». On peut donc en conclure que si l'armée du khalifat ne s'était pas attaquée aux chrétiens, aucune puissance n'aurait levé le doigt pour les «pestiférés» yézidis, semble penser Hochenk Brokka. Or, on ne peut pas s'expliquer alors, de ce point de vue, les hésitations d'Obama devant une intervention contre les mêmes adversaires en Syrie. Ceci, alors que les mêmes soupçons entourent les récentes victoires de Da'ech, notamment la conquête d'une importante base aérienne dans le nord, sans que Damas ait envoyé des renforts ou tenté une contre-offensive. De là à dire que Béchar pourrait avoir partie liée avec le khalifat”'juste en rappelant que ce n'est pas la première fois que le régime conclut des accords avec les djihadistes, là où il ne pouvait les rallier ou le réduire. Ces soupçons deviennent certitude dans la bouche du chef d'état-major de l'Armée syrienne libre (ASL), Abdalillah Al- Bachir. Il estime, en effet, que Da'ech est une des forces du régime de Damas, et qu'elle active en coordination avec l'armée syrienne. Il a déploré le manque de soutien des pays occidentaux, principalement des États-Unis, à l'ALS, alors que celle-ci est capable de vaincre sur le terrain, si elle est suffisamment soutenue. «Le peuple syrien est actuellement confronté à une violence double, celle du régime et celle de Da'ech», a-t-il ajouté. Mais en dépit des appels à l'aide de la coalition anti-Béchar, Obama ne veut pas répéter en Syrie, ce qu'il fait en Irak. La perte de confiance, en partie fondée, sur les capacités de l'ALS à maintenir sa suprématie face aux groupes djihadistes et la volonté de ne pas ouvrir un nouveau front avec Poutine pourraient expliquer la retenue américaine. Cette Amérique timorée, hésitante, sauf lorsqu'il s'agit d'Israël, est loin de celle qui a attaqué l'Irak et l'Afghanistan, sous des prétextes moins urgents que ceux d'aujourd'hui. Pendant qu'Obama réfléchit au meilleur moyen de ne pas finir son mandat en catastrophe, et d'éviter la sanction de l'Histoire, Da'ech installe son État en Syrie. Les islamistes ayant compris depuis longtemps que les clés du pouvoir sont dans les cartables des écoliers, la réforme des programmes scolaires a été la priorité de Da'ech, après le hidjab. Les enseignants syriens réunis en «séminaire pédagogique » ont reçu pour instructions de ne plus enseigner des matières profanes comme l'histoire. L'histoire, comme alternative aux contes et aux légendes à endormir les adultes, c'est la phobie des islamistes, doublée de paranoïa quand ils sont aussi arabes qu'islamistes!A. H.http://ahmedhalli.blogspot.com/


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