Khobz tadjine et pain syrien à la rescousse Oran

La grève annoncée, depuis quelques jours, au niveau de la wilaya d'Oran, a bien eu lieu, hier. Mais ce ne sont pas tous les boulangers qui ont débrayé. Selon Fawzi Bahiche, responsable de la section des boulangers d'Oran, « un service minimum a été assuré par une vingtaine de boulangeries, soit un commerce par quartier, en plus des boulangeries qui ont des contrats avec l'armée, les services de sécurité et les hôpitaux ». D'ailleurs, même les restaurateurs et autres gargotiers n'ont pas souffert de cette grève puisqu'ils ont été approvisionnés par leurs habituels fournisseurs. D'autre part, les boulangeries clandestines ont trouvé dans cette grève une excellente opportunité pour se faire de l'argent en travaillant pour les revendeurs qui, habituellement, cèdent la baguette à 10 dinars mais qui, hier, ont augmenté leurs prix. Dans certains quartiers, la baguette de pain a atteint 30, voire 40 DA. Cependant, même si la majorité des boulangers soutient les revendications de leur syndicat, bon nombre d'entre eux affirment leur scepticisme à propos du mot d'ordre de grève. « Je ne ferai pas grève, car cela n'aura aucun impact du fait de la prolifération des clandestins aux côtés des fabricants de pain traditionnel », soutient un boulanger de Haï Sabah. Cette grève, jugée, de surcroît, « illégale » par le ministère du Commerce, ne semble pas avoir eu une grande incidence sur la ménagère oranaise qui s'est retournée vers le pain syrien ou la fabrication de pain traditionnel, Khobz tadjine. Selon le responsable de la section des boulangers d'Oran, la flambée spectaculaire des prix de certains produits de base a contraint des dizaines de boulangers à mettre la clé sous le paillasson. « 300 boulangers ont baissé rideau à Oran depuis 2007 », affirme-t-il. Selon un boulanger du centre ville qui a décidé de faire grève, « c'est uniquement la farine qui est subventionnée, pas le pain. Or, le boulanger est un transformateur de farine en pain, et c'est là où réside la grande différence ».