Khider, Benbella, Aït Ahmed, un engagement diplomatique sans faille

Le forum d'El Moudjahid et l'association Machaâl Chahid ont rendu hommage au moudjahid et historien Djamel Guenane, pour son parcours militant d'abord et pour ses contributions à l'écriture « objective » de l'histoire. Des conférences sur le rôle de la délégation extérieure du FLN pendant la révolution ont été, par la même occasion, données par des historiens. Mais tout d'abord, cet hommage rendu au Dr. Guenane. Ce militant qui a grandement contribué à la mobilisation des jeunes, à partir de Tunis, pour les envoyer en formation au Caire, s'est montré indigné que l'on ne dise pas certaines vérités sur la révolution, des vérités qu'il a qualifiées de « stratégiques » et qui ont été « négligées ». Il parlera de certaines « difficultés » rencontrées sur le parcours de la révolution en Tunisie et de l'aide précieuse des militants du parti de Salah Benyoucef « plus populaire que Bourguiba » et qui a « payé politiquement pour cet engagement », dit-il. Le drame c'est que « aujourd'hui, pas une rue, pas une place ne porte son nom », regrett- t-il. « M. Guenane est une encyclopédie en matière d'histoire, d'autant plus qu'il l'a vécue de l'intérieur connaissant ses moindres détails, les complots qui se sont tramés auteur d'elle, les dissensions au sein des états-majors », témoigne un de ses amis, Benalalam. « Il devrait nous en parler, pour déjouer les tentatives de falsification de l'histoire », lui a-t-il demandé. Pour le Dr Guenane, l'historien doit se nourrir d'objectivité, « se contenter de relater les fait tels qu'ils se sont déroulés, sans parti pris, sans jouer au juge et laisser au lecteur d'en juger ». Le Dr Chikhi, directeur des Archives, a lui aussi rappelé les qualités de ce militant engagé, de l'historien qui constitue une école, un homme « intransigeant sur les principes » et qui met « l'Algérie au-dessus de tout ». Il constitue une référence en matière de connaissance de l'histoire de l'Algérie et ses travaux ont contribué grandement à « combattre les contrevérités coloniales », précise le docteur Chikhi qui cite les 79 conventions signées entre la France et l'Algérie, au 16e siècle, mises au jour par l'auteur et qui constituent autant de preuves de l'existence de l'Algérie bien avant 1830, détruisant ainsi les arguments de la propagande coloniale. La conférence sur la délégation extérieure du FLN, constituée du trio Khider-Benbella-Aït Ahmed, a été l'occasion de rappeler le parcours de ces hommes, militants de la première heure et qui ont connu les geôles du colonialisme pour être contraints à l'exil après le démantèlement de l'Organisation spéciale (OS). Ces hommes devaient, en 1951, à partir du Caire, commencer à faire connaître la révolution algérienne, en préparation, et mobiliser des soutiens auprès de la communauté internationale, la Ligue arabe, les Non-Alignés, puis, plus tard, l'ONU. Selon l'historien Mustapha Nouisser, le mouvement national avait déjà, dès les années 40, ouvert, avec les militants du Maroc et de Tunisie, El Isklal et El Destour, une représentation dans la région du Moyen-Orient, au Caire. La mission algérienne sera confiée à Chadli Mekki, envoyé par le MTLD et Messali Hadj. Ce bureau avait pour rôle de « sensibiliser l'opinion publique arabe et internationale sur la situation en Afrique du Nord », explique t-il. Cette ouverture diplomatique, qui a coïncidé avec l'avènement du Mouvement des officiers libres en Egypte, en 1952, a permis d'assurer Aït Ahmed et ses compagnons du soutien de Nasser et de la fourniture de la Révolution en armes. Le travail, les contacts d'Aït Ahmed et Benbella ainsi que les requêtes adressées par Khider aux instances internationales sont rappelés par cet historien.