Khenchela : Émouvant élan de solidarité populaire à l'est face à des pouvoirs publics déphasés

Des collectifs et des individus d'Oum El Bouaghi, Tebessa, Msila, Annaba, Souk Ahras, Batna et ailleurs préparent et envoient des fourgons entiers d'eau minérale, nourriture, médicaments, pelles, visières, gilets de visibilité, etc. De nombreux magasins de quincaillerie à Khenchela même proposent gratuitement les outils servant à éteindre les feux. Ceci sans parler des dizaines de volontaires venus de toute la région en pleine canicule pour prêter main forte aux locaux dans leur lutte contre les incendies. Ceci n'est pas sans rappeler la grande mobilisation populaire, fin 2018, lors du drame de Ayache Mahdjoubi, le jeune tombé et resté coincé pendant plusieurs jours dans un puits à Msila.

Côté autorités, et après une semaine d'incendies, le centre a enfin décidé de réagir et le président Tebboune a demandé jeudi aux ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture de se rendre à Khenchela.

Officiellement, 2600 ha de couvert végétal ont été détruits jusqu'ici, soit 6% de la superficie ravagée par les feux au niveau national en 2020. Mais pour les médias, les informations concernant Khenchela continuent d'être confinées aux rubriques 'régions' des sites des médias publics.

La mobilisation populaire pour sauver Ayache Mahdjoubi était tout aussi spectaculaire. Son décès et l'émoi qu'il a provoqué au niveau national était annonciateur d'un sentiment, largement partagé, d'une population laissée pour compte. Deux mois plus tard, c'était le 22 février. Pas de causalité ici, n'est ce pas? A Khenchela, les deux membres du nouvel exécutif ont été conspués par les habitants, obligeant les services de sécurité à les évacuer. Des témoins locaux estiment, à tort ou à raison, que les moyens humains déployés pour assurer la sécurité des deux ministres dépassent ceux consacrés à la lutte contre les incendies. Pas de causalité ici non plus? Les feux n'ont pas encore été éteints et l'été ne fait que commencer.

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