Algérie

KHEMIS-MILIANA



Durant 2 jours, mardi et mercredi derniers, s'est tenu, à l'université de Khemis- Miliana, le colloque organisé par l'Institut des sciences économiques sur le partenariat dans le but d'informer les jeunes, de dresser un diagnostic des failles qui sont à l'origine de la panne de l'investissement dans les différents secteurs socioéconomiques, de résorber la crise galopante de l'emploi qui sévit principalement chez les jeunes diplômés de l'université algérienne malgré le foisonnement des différents dispositifs mis en place et les sommes colossales consenties par le Trésor public.
C'est le Dr Menaâ El -Aldja qui a mis le doigt sur la plaie et ses causes en procédant à une analyse sans complaisance de la situation qui a induit ce taux phénoménal du chômage des diplômés sortants. Elle commence par pointer du doigt l'inadéquation quasi totale entre les programmes enseignés «académiques» qui évoluent certes, mais indépendamment ou en décalage avec le contexte local et national, voire international, d'une part, et les exigences du marché du travail et ses besoins en qualité et en nombre, d'où «la nécessité impérieuse de transformer cette inadéquation en une équation équilibrée et harmonieuse dans le cadre d'un développement global, d'autre part. L'intervenante reconnaît le fossé qui existe entre le contenu des programmes enseignés et la demande du marché du travail, un fossé dont souffre l'université algérienne, et c'est ce fossé, affirme-t-elle, qui fait que les diplômés de l'université ont tout le mal du monde à s'intégrer dans le marché du travail. Et quand bien même que cette intégration se réalise, le niveau de rendement sera faible tant du point de vue compétences que performances. Dans son analyse, elle établit 2 constats, à savoir l'inculcation d'un savoir académique exempt de toute expérimentation, une politique basée sur le bourrage des crânes. De là, le Dr Menaâ propose la création d'un observatoire et de suivi mixte qui sera composé de représentants de l'université et de ceux des intervenants sur le marché du travail. S'agissant des chiffres du chômage, elle expose l'évolution notamment chez les jeunes diplômés, 17% en 1987, 28% en 1995 et 30% en 1999, en net recul durant la décennie en cours, grâce à l'investissement direct de l'Etat, avec récemment depuis ces dernières années 300 000 demandes d'emploi, dont 120 000 émanant de jeunes sortant des universités. Par ailleurs, Mme Menaâ relève aussi, parmi les causes qui alimentent le chômage, le manque de main-d'œuvre spécialisée, le dysfonctionnement de la loi de l'offre et la demande, l'incapacité des unités économique à évoluer, à se moderniser, la difficulté pour les détenteurs de projets à accéder aux moyens et aux sources de financement, le facteur socioculturel qui privilégie le salariat à qui préfère la sédentarité ne répondant pas ainsi à des offres d'emploi éloignées, particulièrement dans le Sud et les Hauts-Plateaux, le tout couronné par l'inexistence d'une base de données fiables et solides. Cet état de fait place l'université algérienne au 23e rang en Afrique et mondialement à la 4132e place. «Nos étudiants sortent la tête pleine de connaissances, mais ignorant de la manière de mettre en pratique ces connaissances sur le marché du travail, en l'absence de compétences.» Elle constate que généralement l'étudiant est plus préoccupé par le «diplôme» que par l'acquisition du savoir, le diplôme juste pour se trouver un poste, se bornant à ne s'intéresser qu'aux connaissances de sa filière. L'oratrice suggère un changement dans la conception de l'université algérienne, et propose une réorientation dans les objectifs et les missions impartis à l'institution : «passer de la focalisation sur l'obtention d'un emploi vers la focalisation sur la créativité d'opportunités de l'emploi», ajoutant que ce glissement et cette translation ne pourront se faire que dans le cadre d'un vrai partenariat entre l'université, d'une part, et les autres secteurs d'investissement, d'autre part. Elle appelle aussi à la création d'une interactivité entre les différentes universités pour procéder à des échanges.«Pour arriver à cette réorientation de l'université, il faut l'avènement d'une administration qui soit convaincue de la primauté du savoir pour accéder à toute forme de développement », conclut l'oratrice. On a noté lors de ce colloque la présence des représentants des différents organismes, des multiples dispositifs d'aide à l'insertion qui se sont attelés à faire l'étalage du fonctionnement de ces dispositifs.




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