Algérie

Khelli l'bir beghtah «Lorsqu'on travaille dans le miel, on y trempe le doigt»



Voilà que c'est le logement ou plus exactement son attribution qui est dans le collimateur des services de sécurité. Ceux-ci ont décidé de passer au peigne fin toutes les transactions et tous les contrats opérés par le ministère de l'Habitat et toutes ses filiales impliquées directement dans la construction et la distribution du logement. On parle d'enquêtes poussées dans les arcanes des OPGI et autres EPLF où de graves malversations auraient été commises. Des terrains destinés à la construction de cités de luxe, attribués à des promoteurs dans l'opacité totale et servant à construire de somptueuses villas bradées discrètement à d'heureux bénéficiaires triés sur le volet qui les revendent à leur tour pour des sommes exorbitantes. Ainsi, il faut croire que l'affaire dite «Sonatrach2» qui a fait s'exprimer les plus hauts commis de l'Etat, dont le président de la République, aura été le point de départ d'une vaste opération d'assainissement de tous les secteurs de l'économie nationale. Et tel que parti, beaucoup de secteurs vont être passés au crible pour y déceler la moindre anomalie. Des entreprises économiques et des institutions en passant par le moindre service administratif suspecté de monnayer la moindre procédure. A titre d'exemple, l'ex-président de l'APC de Boufarik, dans la wilaya de Blida, a été mis en détention préventive pour avoir commis de nombreuses malversations dont la plus commune à toutes les institutions du pays, à savoir l'attribution de marchés en violation des règles élémentaires qui régissent ces opérations usuelles. Il aurait, nous dit-on, pris soin de remplacer par des fonctionnaires inexpérimentés jusqu'aux chefs de service compétents en la matière afin de pouvoir gérer l'escroquerie à sa guise. En fait le préjudice s'élève à quelques centaines de millions de centimes partagés entre fournisseurs, commerçants véreux et bien sûr les commis indélicats. Combien d'élus locaux vont ainsi être sérieusement entendus par les services de sécurité ' Autant dire tous, sans exception, dans cet océan de corruption devenue une seconde nature dans notre pays. A ce sujet, faut-il rappeler que sur les quelque 1 500 communes, plus de 300 ont fait l'objet de graves détournements de la part justement de leurs premiers responsables écroués depuis. Comme quoi chacun détourne ce qu'il peut. Il faut juste préciser que, d'une part, la corruption est proportionnelle au poste qu'on occupe et, d'autre part, elle existe depuis de longues décennies. Pour dire que ces grands déballages qui ont lieu en ce moment précis, auraient dû, logiquement, être faits depuis longtemps. Depuis que sévit ce fléau, c'est-à-dire depuis belle lurette. Les quinquagénaires se souviennent du Président de l'époque qui déclarait un jour que «lorsqu'on travaille dans le miel, il est normal qu'on y trempe le doigt». Cette phrase devenue célèbre, sonne comme un quitus à la corruption tolérée depuis. Tolérée, certes, mais très limitée et en ces temps, les malversations étaient si rares qu'elles faisaient office «d'accidents de parcours». Depuis le phénomène de société est devenu «normal» au point que pour régler n'importe quel problème administratif, le citoyen ordinaire emprunte volontiers les voies parallèles, celles qui suggèrent la corruption, «le café», plutôt que la procédure légale. Paradoxalement, cette corruption quasi «légalisée» se pratique dans une société régie par une religion qui condamne fermement «le corrupteur, le corrompu et leur intermédiaire» comme il est clairement transcrit dans Le Livre. Mais sociologiquement ce précepte est allègrement contourné parce que, répète-t-on à l'envi, «nécessité fait loi» et beaucoup vous diront qu'ils n'ont d'autre choix que d'acheter les fonctionnaires véreux pour arriver à leurs fins. Oui, mais alors comment expliquer que des hauts commis de l'Etat qui n'ont ni problème administratif à régler ni document à retirer, pratiquent ainsi la corruption à grande échelle et se font «acheter» par des sociétés étrangères, mettant ainsi en péril l'économie nationale ' Enfin, de quoi je me mêle' Khelli l'bir beghtah.


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