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Khelli l'bir beghtah Les Algériens ne croient plus aux promesses



Khelli l'bir beghtah Les Algériens ne croient plus aux promesses
Voilà que la scène politique s'est soudainement animée. Depuis qu'un mystérieux interlocuteur a confié à un confrère que le Président se «représenterait si le peuple le lui demandait». Du coup, Ahmed Benbitour annonce sa candidature en l'assortissant d'un appel à créer un front pour barrer la route «à celui qui est responsable de tous les échecs». Et c'est aussitôt la patronne du PT qui monte au créneau pour accuser l'ancien Chef du gouvernement de manipuler les jeunes de Ghardaïa et de les pousser à manifester. Etant originaire de la région, le destinataire de cette lourde accusation a préféré répondre évasivement et ce serait lui attribuer les vertus de grand agitateur ainsi que de confiner les chômeurs à une masse malléable à merci que de l'adouber de telles accusations. Pour dire que cette élection qui aura lieu dans une année, commence précocement à agiter un paysage national marqué par les affaires de corruption, une inflation sans précédent et de nombreux mouvements de contestations relatifs au chômage et au logement, avec à la clé quelques tentatives d'immolation ici et là. Allez donc parler d'élection au citoyen lambda, il vous répondra que c'est le cadet de ses soucis et que pour l'heure il a des préoccupations plus terre à terre. Est-ce pour autant le constat que l'Algérien se désintéresse de la politique ' Assurément, les précédents scrutins ont clairement montré le peu de cas que font les citoyens des législatives, mais aussi des communales, avec des taux de participation largement en dessous de la moyenne. Cette désaffection s'explique par l'état de délabrement d'une gestion de la chose publique confinée à expédier les choses courantes et plus au colmatage des brèches ainsi qu'à des solutions de replâtrage destinées à calmer la vox populi. Fallait-il par exemple attendre ces manifestations de chômeurs un peu partout autour des complexes pétroliers pour recruter des «demandeurs d'emploi locaux» comme cela s'est fait pour 200 chômeurs d'Arzew ' A l'évidence, une telle opération obéit à des impératifs d'apaisement du front social plutôt qu'à une stratégie économique répondant aux besoins de l'entreprise. Cette gestion approximative se retrouve aussi dans l'éradication annoncée des marchés informels dont un cadre du ministère du Commerce nous annonce dans une émission de la radio algérienne, une drastique réduction.
Sur 1 543 marchés informels recensés, nous dit-il, 783 ont été éradiqués et quelque 15 000 revendeurs ont été insérés dans les marchés de proximité. Comme quoi la lutte contre le chômage est aussi conçue en termes d'étals dans les marchés en faisant semblant d'ignorer que les produits qui y sont écoulés proviennent dans leur écrasante majorité de l'import. En réalité, ces revendeurs «insérés» dans les marchés de proximité ne font que reconduire, malgré eux, la dépendance économique dont ils ne portent aucunement la responsabilité puisque ces marchés «régulés» ne sont en définitive que des marchés informels qui ont changé d'espace. Pour dire que l'année qui nous sépare de l'élection présidentielle sera, à coup sûr, marquée par des décisions à l'adresse de la jeunesse et particulièrement des chômeurs. Calmer le front social par des mesures aléatoires qui ne règlent en rien les grandes préoccupations de la société. Pour dire enfin que cette campagne présidentielle précoce n'intéresse que les analystes et autres commentateurs qui ont là, soudain, offert, une polémique et ses conjectures. De quoi se tenir la main en attendant avril 2014. C'est loin. Trop loin pour ces très nombreux demandeurs de logement, d'emploi, de vie digne, sécurisée... Et, échaudés par tant de lendemains qui déchantent, les Algériens ne croient plus aux promesses. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.


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