Khelli l'bir beghtah Ils se moquent de l'environnement

Une opération d'envergure nationale est programmée pour le grand nettoyage du pays. Une instruction du ministère de l'Intérieur sur décision du Premier ministre, a été adressée à tous les walis leur demandant de procéder à des mesures draconiennes en matière d'hygiène publique, de ramassage des ordures et de grand toilettage de l'environnement. Il était temps, sommes-nous tentés d'écrire, tant nos villes et nos campagnes sont devenues des spectacles désolants de détritus et d'immondices de toutes sortes. A tel point que le classement mondial des villes les plus propres ' ou les moins sales, doux euphémisme ' nous place dans le peloton de tête. Mais dans le sens contraire. Comprendre que notre capitale ne figure pas sur la liste des villes les plus accueillantes en matière d'hygiène. Ce constat peut être fait de visu même sur les grands boulevards d'Alger, ces belles avenues censées lui servir de vitrine et qui croulent sous les ordures que des agents de la voirie ont omis de ramasser. Pour une affaire de moyens, de camions-bennes, de salaires insignifiants et de conditions de travail pénibles. A ce sujet, le plan d'action engagé par le gouvernement prévoit «la valorisation salariale et statutaire des postes d'emplois», selon les termes du document de sept pages émis par le ministère de l'Intérieur. Pour dire que tout a été mis en place pour la réussite de cette opération qui se veut non pas conjoncturelle, mais régulière de telle manière à donner à nos cités un aspect avenant. Mais à bien y réfléchir, cette action ne peut être couronnée de succès qu'avec la participation active des citoyens. Or parmi eux, il en existe bien qui prennent parfois d'heureuses initiatives en organisant des campagnes de volontariat pour nettoyer leur quartier. Mais il en existe aussi ' et c'est hélas la majorité ' qui se moquent que leur environnement immédiat soit sale et repoussant, nourrissant ainsi ce sentiment d'égoïsme devenu valeur morale : après moi le déluge, semblent penser beaucoup de compatriotes dont les chaumières sont impeccables et qui n'hésitent pas à balancer toutes sortes de déchets par les balcons. Cette campagne d'hygiène doit donc obligatoirement s'accompagner d'une autre de sensibilisation à travers tous les canaux de communication. Sinon il faudra se résoudre à entreprendre une opération sans lendemain. Les ordures joncheront de nouveau les villes. Comme disait Kateb Yacine : «L'Algérie est un beau pays, dommage qu'il soit le nôtre...». Il lui manque d'être propre. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.