Algérie

Khelli l'bir beghtah L'amour impossible



Khelli l'bir beghtah                                    L'amour impossible
L'avant-première du film Ce que le jour doit à la nuit d'Alexandre Arcady, d'après le roman éponyme de Yasmina Khadra, s'est faite à Alger, contrairement aux usages qui veulent qu'un film français soit d'abord projeté en France. Là n'est pas le propos, mais dans cet intérêt subit de la littérature algérienne par une diaspora pied-noire, cultivant à l'excès la nostalgie du paradis perdu. Ils étaient tous chez Drucker pour la première émission de la saison «Vivement dimanche» : Arcady, l'inévitable Enrico Macias, Jean-Pierre Elkabach et le chanteur Khaled pour meubler l'espace et la scène. L'évocation aurait été plus crédible si l'animateur avait pris le soin d'inviter des personnalités connues de l'art, de la littérature ou du cinéma algérien. Surtout qu'elle était consacrée au 50e anniversaire de l'indépendance nationale. A croire que la commémoration n'incombait qu'à une ethnie juive nostalgique de l'Algérie française. Or précisément, le cinéaste Alexandre Arcady ne fait pas dans la dentelle et, connu pour ses films sur l'Algérie de son enfance (Là-bas mon pays) entre autres, il cultive toujours une approche réconciliatrice entre les deux pays, renvoyant dos à dos les «deux violences» ' comprendre celle de l'armée coloniale et celle du FLN ' comme le disent de plus en plus de lobbies révisionnistes. C'est dans cette optique que s'inscrit l'adaptation du roman de Khadra. Ceux qui l'ont lu sont unanimes à y avoir décelé une ambiguïté tout au long de la longue trame de l'histoire entre ces jeunes tourtereaux que tout sépare. Lui est Algérien ' indigène musulman pour s'inscrire dans l'air de ce temps qui déniait l'existence même de l'entité Algérie ' et elle est Française. Leur amour impossible est surtout victime de ce grand malentendu entre deux communautés que tout rapproche et que la violence des uns (la soldatesque française) et des autres (le FLN) sépare. En somme deux populations qui ne demandaient qu'à vivre en paix même si l'une exploitait outrageusement l'autre sur ces terres qu'elle lui a usurpées, et que la violence des deux camps empêchait de vivre en harmonie. Les horreurs commises par l'armée coloniale, les enfumades du Dahra, les bombardements à vue des zones interdites, les déracinements des populations entières, les tortures, les exécutions sommaires sur le seuil des masures en pisé...tout cela est allègrement évacué. Il ne restait que deux jeunes et beaux amoureux s'étreignant sur fond de quelques attentats pour faire bonne figure. Comme si Bigeard, Massu, Salan et tous les criminels de guerre n'avaient jamais existé. Que des paysages enchanteurs où deux jeunes amants se font des promesses impossibles. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.


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