Algérie

Khelli l'bir beghtah El-moudjahiroune



La télé nationale nous a montré un jeune bénévole en train de charger un sac plein de victuailles qu'il allait livrer à un vieux couple de démunis, dont le mari est non voyant. La scène est pleine d'émotion et le vieillard déclare fièrement toute sa joie de bénéficier ainsi de l'aide et de la solidarité en ce mois de ramadan. Ces «informations» sont récurrentes et depuis le début du mois sacré, chaque JT programme, dans son menu, ce genre d'incursions empreintes de miséricorde, où l'on voit des citoyens entièrement dévoués à la cause des nécessiteux, qui devant ses fourneaux posant fièrement la louche à la main, qui servant dans la ferveur des pauvres hères qui plongent le nez dans l'écuelle de chorba pour ne pas passer à la télé, qui distribuant le couffin à des femmes voilées qui remercient en termes dithyrambiques les «responsables» qui leur offrent tant de produits alimentaires... Cet étalage de la solidarité est en totale contradiction avec l'esprit même de la philosophie qui le régit : la religion musulmane désapprouve fermement ce que le Prophète appelait «el-moudjahiroune» - textuellement ceux qui font étalage de leur foi ' notamment la charité qui doit être pratiquée dans la plus stricte des discrétions sinon elle devient nulle et non avenue. Alors à quoi sert toute cette publicité sur des actions destinées à soulager un tant soit peu la paupérisation endémique qui atteint de plus en plus de citoyens comme l'atteste le nombre des couffins distribués qu'étalent les édiles comme autant de bilans fastes de leur gouvernance ' Il y a aussi les «à-côtés», les coulisses de cette charité, perçue comme une aubaine par beaucoup de commerçants et même de fonctionnaires et d'autres indus bénéficiaires qui trouvent là un moyen de se faire un peu d'argent, convaincus qu'ils sont en train de blouser l'Etat, alors qu'ils détournent des parts qui reviennent de droit à des pauvres bougres qui n'ont que ça pour faire bouillir la marmite. Et cette faune de courtiers et d'affairistes de la miséricorde, se vêt de blanc pour aller accomplir la prière du soir. Comme si de rien n'était. Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.


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