Algérie

Khelli l'bir beghtah Le mois des paradoxes


Le sujet est inévitable. Nous n'avons d'autre choix que de parler de ce mois de tous les extrêmes que nous venons d'entamer dans la canicule. Ce qui le rend encore plus difficile. Mais les voies de la piété sont pénétrables lors de ce mois propice à toutes les bonnes intentions et aussi à tous les paradoxes. Les mosquées ne désemplissent pas et un air de sincère repentir se dessine sur les visages solennellement recueillis, ceux-là qui, lors du négoce de n'importe quelle marchandise, deviennent intraitables quand ils ne trichent pas carrément sur le produit.
La miséricorde prônée est un concept abstrait qu'on croit appliquer en observant scrupuleusement le rituel des cinq prières et celle des tarawih. Quant aux autres, ils deviennent la faune qui peuple la jungle du marché où chacun tente de tirer le maximum de profit quitte à verser dans l'arnaque odieusement confondue avec le commerce ordinaire. Comment se fait-il qu'un pays enclin à une telle religiosité, soit confiné à une fraude institutionnalisée au point que le département en charge du Commerce en soit amené à faire des communiqués qui ne convainquent personne '
On se contente de prévenir le consommateur contre ces produits vendus à la sauvette et qui font florès pendant le mois, toutes ces viandes, ces jus, ces sucreries sans aucun contrôle et qui attirent le chaland par leurs prix attractifs. On semble dire aux citoyens : «Voilà ce que vous trouverez sur les étals des marchés, de la contrefaçon, des produits dangereux et impropres à la consommation mais vous êtes seuls responsables de leur consommation.»
C'est là un aveu d'impuissance de l'autorité publique «coincée» entre le devoir de jouer son rôle de contrôleur et de régulateur et celui de ne pas perturber un marché soumis à la fraude pour des raisons évidentes de paix sociale. C'est donc le mois de toutes les permissivités, de tous les paradoxes, de tous les extrêmes. Même dans les comportements des malotrus qui prétextent le jeûne pour donner libre cours à une agressivité latente. Chassez le naturel... Enfin, de quoi je me mêle ' Khelli l'bir beghtah.
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